La fille de la grêle, Delphine Saubaber : Mon avis
Quatrième de couverture :
Un soir de sa vie, dans un dernier souffle, Marie décide de livrer à sa fille Adèle l’histoire de sa propre enfance, qu’elle lui a toujours tue. Joseph et Madeleine, ses parents, n’ont connu qu’une vie de labeur à la ferme des Glycines. Marie et Jean, son petit frère, ont grandi là, sur une combe d’herbe grasse, les alouettes pour seuls témoins de leurs jeux. Mais Jean est différent. Il a beau converser avec les grillons, il ne parle pas, n’entend pas, et ça ne plaît pas à Joseph. Quand la grêle s’abat sur les Glycines, la démence s’empare du père jusqu’à gagner la famille tout entière. Poétique et bouleversant, La fille de la grêle raconte la brûlure de l’enfance et la grande vieillesse, la folie et la culpabilité. C’est aussi un chant d’amour d’une mère à sa fille. Et une ode magnifique à la toute-puissance de la nature.
Les dernières confidences.
Son titre semble adapté à la saison, sa couverture rappelle le froid, la glace, mais aussi l’enfance. La fille de la grêle est paru aux éditions JC Lattès en janvier dernier. Il s’agit du premier roman de Delphine Saubaber.
Dans une lettre à sa fille Adèle, sur son lit de mort, Marie raconte son enfance. A 80 ans et grâce à l’aide d’une infirmière, elle a choisi de partir. Arrivée au bout du chemin, la vieille dame n’a plus rien à cacher. Ni les années de dur labeur à la ferme, la violence du père ou le handicap de son petit frère Jean. Pour Adèle, Marie se souvient, une dernière fois, et s’ouvre enfin.
D’une écriture juste et poétique, Delphine Saubaber livre un récit émouvant sur les douleurs de l’enfance. Elle dresse le portrait d’une dame à la fois tourmentée par les souvenirs du passé et apaisée au moment de se confier. Après des années de silence, Marie révèle ses secrets. La différence de son frère cadet, la pauvreté, le suicide du père, la fuite bien après vers la grande ville et une carrière de journaliste et la mémoire de Madeleine qui s’efface.
« Sylviane se tourne à présent vers ma table de chevet. Elle s’empare de l’aiguille reliée à la perfusion, me pince la peau. Lentement, elle me l’enfonce dans la petite ligne bleutée qui gonfle à mon bras. Je sens un papillon se poser sur moi. Sylviane rapproche le cathéter de ma main. Ma main ouvre le robinet. Le goute-à-goutte diffuse peu à peu son fluide dans la perfusion. Je regarde le bleu du ciel. Il ressemble à la mer. Il n’y a plus de fenêtre, ou peut-être est-elle ouverte depuis toujours ».
Des non-dits, des mensonges, il y en a eu aussi au sujet du père d’Adèle. Dans un dernier souffle, la narratrice se confesse jusqu’au bout. Aucune excuse ou demande de pardon accompagne sa parole. Marie ne justifie pas ses propos. Elle énonce une vérité, sa vérité, enfin.
Si le texte se veut dur et touchant par moment, j’y ai lu une dénonciation, un appel politique au droit de mourir dans la dignité. L’autrice traite évidemment des affres de l’enfance. Mais elle évoque aussi longuement la vieillesse, l’interdiction de l’euthanasie dans notre pays. A sa manière, elle lève un tabou et je l’en félicite. Avec l’histoire de Marie, Delphine Saubaber nous pousse à la réflexion. A ma connaissance, peu de romans abordent ce sujet délicat.
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