La colline à l’arbre seul – Abdelhafid Metalsi
Quatrième de couverture :
Ils ont dix ans, pas un sou en poche et vouent un culte au cinéma, aux patates à la braise et au Coca-cola.
Pour étancher cette soif de découverte et gagner quelques pièces, ces cinq débrouillards récupèrent dans une benne, métaux, cartons et bouteilles consignées pour les revendre à un ferrailleur pas très honnête. Mais la concurrence fait rage, les Gitans et Momo le clochard se servent aussi. Alors en attendant de grandir, ils traînent dans le faubourg avec Lachance, leur chat, et s’interrogent sur l’origine du monde, sur ce couple qu’ils ont vu tout nu au sommet de la colline à l’arbre seul.
« Sur la colline à l’arbre seul, entre les buissons, une femme, une vraie, chevelure lâchée, poitrine à nu, enlacée à un homme, s’agrippait à ses cheveux. Depuis les cyprès, on aurait dit une dispute où ils auraient fini par s’arracher les vêtements. Ils se tournaient, s’accrochaient l’un à l’autre, se retournaient, se retrouvaient face à face, s’entouraient encore sans cesser de remuer, de s’embrasser, les bras s’étiraient, nos yeux s’écarquillaient, nos membres s’engourdissaient et, au lointain, la plainte des chiens errants nous parvenait portée par le vent. »
Mon avis :
Connu pour son rôle dans la série télévisée Cherif, Abdelhafid Metalsi publie son premier roman, La colline à l’arbre seul aux éditions JC Lattès.
Je sais ce que vous vous dîtes… Encore un acteur qui se veut romancier ! Encore une célébrité qui fait son écrivain ! Peut-être mais… Et si c’était réussi ? Est-on toujours obligé de se cantonner à une étiquette, et ne jamais rien oser ? Abdelhafid Metalsi l’a fait, et si vous le lisez, vous n’aurez plus qu’à le remercier d’avoir osé.
La colline à l’arbre seul, c’est le point de ralliement de ces voisins de dix ans, qui récupèrent des métaux dans une benne à ordure et les revendent au ferrailleur du coin. Avec les quelques sous gagnés, ils s’en vont au ciné et se goinfrent de friandises. Mais la benne semble être maintenant convoitée par d’autres habitants de la cité…
Telle une gourmandise acidulée ou un plaid tout doux, le récit d’Abdelhafid Metalsi réchauffe, et réconforte, surtout en ces temps délicats. L’histoire de ces enfants est simple et universelle : une bande de copains, heureux mais pas très riches, use d’ingéniosité pour s’occuper ; de l’autre côté, les méchants du quartier, menacent et font peur.
Les aventures de Chem’s et ses amis nous renvoient à celles de Momo dans Monsieur Ibrahim et les fleurs du Coran d’Eric-Emmanuel Schmitt ou à Mme Rosa et Momo dans La vie devant soi de Romain Gary. Ces jeunes sont libres, ils ont soif de vie, d’amour et sont curieux de tout. Ils viennent des quartiers populaires, côtoient la vie d’étrangers et découvrent d’autres religions que la leur. C’est cette richesse que l’acteur raconte ici, et cette innocence.
Avec tendresse et poésie, Abdelhafid Metalsi déploie des protagonistes solidaires et attachants. Son écriture est travaillée et le ton ne manque pas d’humour. L’auteur sait aussi émouvoir, grâce à une plume authentique et sincère.
Un joli petit bijou que je vous recommande, particulièrement en cette période morose. Montez sur La colline à l’arbre seul, embarquez avec Chem’s et ses amis, et évadez-vous le temps du roman…