La colère et l’envie, Alice Renard : Mon avis
Quatrième de couverture :
Isor n’est pas une enfant comme les autres. Idiote. Attardée. Différente. Spéciale. Ils sont nombreux à avoir donné leur avis. Mais leur aide, Isor et ses parents peuvent toujours l’attendre. Une vie en huis-clos se construit autour de cette petite fille entière, sans filtre, mutique, refusant toutes les normes. Puis Isor rencontre Lucien, un voisin septuagénaire. Entre ces âmes farouches, le coup de foudre est immédiat, ils se réinventent une vie à deux. Alors qu’Isor a seize ans, Lucien a un grave accident. L’adolescente fugue aussitôt en Sicile accomplir une mission pour son ami mourant. En chemin, elle rencontre enfin un monde assez vaste pour elle. La Colère et l’Envie est le portrait d’une enfant qui n’entre pas dans les cases. De son entourage démuni. C’est aussi et surtout une histoire profondément humaine d’amour, de partage et de réconciliation. Alice Renard, prodige de vingt et un ans, impose une voix d’une incroyable maturité ; sa plume maitrisée, sculpte le silence et nous éblouit.
En marge de.
Invitée de la première émission de La Grande Librairie en septembre dernier, Alice Renard m’avait interpellée par sa candeur et l’intelligence de son propos face aux questions d’Augustin Trapenard. L’euphorie de la rentrée littéraire passée, l’envie de découvrir sa plume était toujours présente. La colère et l’envie est paru aux éditions Héloïse d’Ormesson. Il s’agit de son premier roman.
Isor est une enfant différente. En marge de la norme. Après la consultation de tous les spécialistes et des années d’examens médicaux, père et mère abandonnent. Sans parole, sans autonomie, Isor n’est, à leur sens, pas scolarisable. Elle restera à la maison, cachée des autres.
Plus tard, Lucien, un voisin sera autorisé à entrer dans le huis clos de leur domicile familial. Père et mère doivent s’absenter. Ils demandent à ce vieux monsieur de garder Isor quelques heures… La rencontre entre les deux fait des étincelles. Dorénavant, Lucien et l’adolescente ne se quitteront plus.
« Le vide que les morts laissent ne se rebouche jamais, on ne se remet jamais de cette béance – mais j’ai compris que l’on pouvait créer le plein à côté du gouffre, ça oui. Idem pour sa place. Ce qui est perdu ne revient pas – mais à côté, en marge, ailleurs, on peut retrouver un rôle. »
Tout est question de différence dans ce livre. D’une voix unique et poétique, Alice Renard déploie un récit puissant, porté par une narration particulière. Les mots du « père » et de la « mère » se répondent pour raconter l’histoire d’Isor. Le style est percutant, le ton incisif.
Avec l’arrivée du personnage de Lucien, l’écrivaine glisse une part de mystère et d’étrangeté dans son texte. Le septuagénaire noue une relation fusionnelle avec la jeune fille. Il prend la parole pour nous livrer sa version des faits.
Roman de 150 pages, La colère et l’envie nous agrippe, intense et musical. Lu d’un seul souffle, le destin d’Isor m’a interrogée, intriguée mais, étonnamment, ne m’a pas émue. Sentiment rare, depuis la fin de ma lecture, je suis incapable de dire si j’ai aimé ce livre. Et malgré cela, l’autrice offre une voie nouvelle dans l’ère de la fiction. Je prendrai plaisir à la suivre.
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Ce roman vous tente ?
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