La brodeuse de Winchester, Tracy Chevalier : Mon avis
Quatrième de couverture :
1932. Violet Speedwell est l’une de ces millions de femmes anglaises restées célibataires depuis que la Première Guerre mondiale a décimé toute une génération de fiancés potentiels. Méprisées dans les journaux, tolérées par les familles malgré une condescendance exaspérée, elles vivent à une époque où les attentes de la société quant à l’avenir des femmes sont des plus rigides. Des attentes que Violet est sur le point de faire voler en éclats. En quittant Southampton et sa mère acariâtre pour s’installer à Winchester, où elle continue de travailler comme dactylo pour une compagnie d’assurances, elle espérait trouver de nouveaux amis, une nouvelle vie. En s’arrêtant dans la cathédrale un jour qu’elle est partie acheter un ruban de machine à écrire, elle découvre un cercle de brodeuses occupées à confectionner des coussins et agenouilloirs. Violet, qui n’était pas particulièrement douée pour la couture, y trouvera l’amitié, le soutien et la créativité capables de rivaliser avec le dédain et les préjugés. En toile de fond, la montée du fascisme sur le continent : Hitler arrive au pouvoir en Allemagne… Dans ce monde encore hostile aux femmes, Violet n’a d’autre choix que de s’affirmer.
Liberté, sororité.
Séduite par la plume de Tracy Chevalier dans La jeune fille à la perle lu en début d’année, j’ai suivi vos recommandations en me procurant La brodeuse de Winchester, trouvé à petit prix en bouquinerie. Paru en 2020 aux éditions Quai Voltaire, ce titre est le dernier de l’écrivaine traduit en France.
Restée célibataire après le décès de son fiancé durant la Première Guerre mondiale, Violet doit faire face aux caprices et constantes réflexions de sa mère quant à sa condition de trentenaire sans enfant. Voulant s’émanciper de cette emprise maternelle, la jeune femme quitte le domicile familial et son village natal pour aller travailler à Winchester. Au-delà d’une certaine liberté financière et d’une vie sociale, Violet trouve en cette ville un passe-temps inattendu.
Au sein de la cathédrale de Winchester, un groupe de brodeuses intrigue la nouvelle habitante. Les coussins disposés dans l’église renvoient à un souvenir douloureux pour Violet. Cherchant à s’impliquer personnellement dans ces créations, elle demande à apprendre à broder. En intégrant l’association, Violet devra se confronter aux regards et aux caractères des différentes participantes…
« Quand une femme a envie d’un thé, en général c’est elle qui doit le faire, pour elle et pour son entourage. Rien n’est meilleur qu’une tasse de thé préparée par quelqu’un d’autre. »
Ancienne dentellière, les cours de broderie de l’héroïne m’ont rappelé quelques souvenirs de jeunesse. J’ai souri à la lecture de ces séances, pleines des discussions de ces « petites mains », soucieuses du travail bien fait, espérant souvent un commentaire chaleureux de l’enseignante. Violet se découvre une véritable passion pour la broderie, et quelques amitiés déroutantes.
D’un ton fluide et léger, Tracy Chevalier dresse le portrait d’une femme libre, ouverte et loin des conventions traditionnelles de l’époque. Sans clichés, l’autrice traite du deuil, de l’homosexualité, de la condition de la femme, jusqu’au viol. Ode à la sororité, La brodeuse de Winchester est féministe mais laisse une place importante aux hommes.
A mon sens moins abouti que La jeune fille à la perle, ce roman offre un bon moment de lecture, portés par des personnages attachants, un sujet original et un final surprenant. Tracy Chevalier s’est inspirée du véritable profil d’une brodeuse anglaise pour l’écriture de son livre. Elle donne envie, par son récit, d’aller à la rencontre de ces œuvres et des cathédrales de la région.
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Quel autre roman de l’écrivaine américaine me conseillez-vous ?
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