La beauté du ciel – Sarah Biasini
Quatrième de couverture :
Une femme écrit à sa fille qui vient de naître. Elle lui parle de ses joies, ses peines, ses angoisses, et surtout d’une absence, celle de sa propre mère, Romy Schneider. Car cette mère n’est pas n’importe quelle femme. Il s’agit d’une grande star de cinéma, inoubliable pour tous ceux qui croisent le chemin de sa fille. Dans un récit fulgurant, hanté par le manque, Sarah Biasini se livre et explore son rapport à sa mère, à la mort, à l’amour. Un texte poétique, rythmé comme le ressac, où reviennent sans cesse ces questions : comment grandir quand on a perdu sa mère à quatre ans ? Comment vivre lorsqu’on est habitée par la mort et qu’elle a emporté tant de proches ? Comment faire le deuil d’une mère que le monde entier idolâtre ? Comment devenir à son tour mère ?
La réponse, l’auteure la porte en elle-même, dans son héritage familial, dans l’amour qu’elle voue à ses proches, à ses amis, à ces figures féminines qui l’ont élevée comment autant d’autres mères. Le livre de la vie, envers et contre tout.
« Certains jours, il y a des endroits où je ne peux aller, des zones à ne pas franchir. Je peux vivre normalement et même extrêmement gaiement, dans une totale légèreté. Je peux aussi être très froide quand je pense à eux. Sans affect. Sans ressenti. Sans émotions. Ou alors je pleure carrément. Il n’y a aucun entre-deux, aucune tiédeur. Eux sont les morts-vivants parmi nous. Nous sommes les vivants-morts avec eux. Ce n’est pas grave, c’est comme ça. »
Mon avis :
Il y a des coups de cœur qu’on n’explique pas. C’est ainsi, ça a toujours été, inutile d’y trouver une quelconque raison. Comme mon admiration depuis l’enfance pour Romy Schneider. Jusqu’à l’an dernier, je ne l’avais jamais vue dans un film, j’ai très peu vu d’archives à son sujet, et il ne s’agit pas non plus d’une passion familiale. Et pourtant, cette adoration m’amènerait presque à nommer ma fille Romy un jour.
Alors, évidemment, quand les éditions Stock me proposent la lecture du premier livre de Sarah Biasini, La beauté du ciel, je ne peux qu’accepter !
Dans un récit autobiographique, la fille de Romy Schneider revient sur sa maternité récente, les quelques mois qui ont précédé l’arrivée de sa fille, et sa relation avec sa mère disparue.
A quelques semaines d’accueillir son bébé, Sarah Biasini prend la plume pour lui écrire. Tel un journal intime, l’actrice noircit le papier de ses souvenirs d’enfance et de ses quelques mois de vie de femme enceinte. Elle se rappelle les jours sombres, comme ceux plus joyeux. Sarah, l’orpheline, se confie.
Ce texte, c’est une façon pour elle de rejeter ses peurs et ses angoisses, à l’aube de la maternité. L’auteure craint de disparaître, d’abandonner sa petite fille Anna, à ses dépens. Après la naissance, l’inquiétude de voir sa fille mourir vient s’ajouter à ses premières frayeurs. Comment peut-il en être autrement, lorsque la mort a déjà frappé plusieurs fois ? Comment penser que rien n’arrivera, quand on sait que son frère et sa mère ont perdu la vie en quelques mois d’intervalle ?
Avec tendresse et pudeur, Sarah Biasini déploie le récit magnifique d’une jeune femme fragile, mais bien vivante. Celui de la fille d’une icône au destin tragique, dont la presse et les médias ont tout dit, et à l’intimité souvent bafouée. Derrière l’absence, il y eut les rencontres : Michel Piccoli, Claude Sautet, Alain Delon. Si ces échanges n’ont pu lui rendre sa mère, ils ont été essentiels dans l’adolescence de l’écrivaine. Elle en témoigne d’une façon très émouvante à la fin de son livre.
La beauté du ciel est à l’image de Romy Schneider : élégant, gracieux, beau et sans prétention. Je lui souhaite un tout aussi joli succès.