Journal de l’année de la peste – Daniel Defoe
Quatrième de couverture :
En 1665, pour la quatrième fois dans le siècle, la peste ravage Londres où elle fait en un an 70 000 morts. En 1720 elle est de nouveau à Marseille. Journaliste toujours à l’affût d’une grande affaire, Defoe voit là l’occasion d’un livre qui rappelle un drame très proche et mêlera les conseils prophylactiques aux réflexions morales sur les décrets de la Providence. S’aidant peut-être de ses souvenirs mais réunissant surtout avec une rigueur toute scientifique témoignages et documents, Defoe a laissé de la peste une description digne des grands cliniciens du XIXe siècle. Description médicale et aussi description sociologique : comme il y a une société du crime, il y a une société de la peste qui a pesé très lourd dans l’histoire des mentalités.
« Ce fut vers le commencement de septembre 1664 que moi, comme mes voisins, j’entendis raconter en conversation ordinaire que la peste était revenue en Hollande ; car elle y avait été très violente, particulièrement à Amsterdam et Rotterdam en l’an 1663 qu’elle y fut apportée, les uns disaient d’Italie, les autres du Levant, dans des marchandises, par leur flotte de Turquie. […] Peu importe d’où elle venait, mais tous étaient d’accord qu’elle était, de nouveau, en Hollande. »
Mon avis :
Alors que fleurissent les livres sur le confinement, la Covid-19 et la crise sanitaire mondiale que nous traversons, j’ai préféré m’intéresser à l’ouvrage de Daniel Defoe, Journal de l’année de la peste, paru en 1722 et réédité en cette rentrée littéraire par les éditions Le Chat Rouge. L’auteur est surtout connu pour avoir écrit le célèbre Robinson Crusoé et Moll Flanders.
Né aux alentours de l’année 1660, Daniel Defoe n’a pu se fier à ses souvenirs pour la rédaction de ce carnet de bord sur la peste qui ravagea la ville de Londres en 1665. L’écrivain s’est documenté et renseigné, pour livrer un témoignage précis sur la pandémie qui a tué des milliers de personnes.
Ici, nulle fiction romancée comme dans La peste d’Albert Camus (éd. Gallimard, 1947), Daniel Defoe dresse un portrait édifiant de l’épidémie londonienne, sous forme de carnet de route. L’auteur justifie les faits qu’il cite par les chiffres de l’époque : le nombre de décès par semaine, le nombre de contaminés, les malades d’autres infections que la peste, etc. Il fait part également de témoignages qu’il a recueillis, prouvant le climat funeste dans lequel la ville fut plongée durant une année. La misère, la pauvreté, la faim étaient partout, dans toutes les maisons.
Comment ne pas y voir un terrible parallèle avec ce que nous avons vécu durant les deux mois de confinement ? Daniel Defoe évoque la distanciation sociale, la fermeture des commerces et industries, l’achat en masse de provisions, le rapport hebdomadaire des morts, la non-préparation des autorités… Et tout cela, dit-il, dans le but de laisser une trace, pour les générations futures, si quelque chose de similaire devait se reproduire.
Bien que je souhaite parfois m’aérer l’esprit et ne plus penser au coronavirus, j’ai trouvé cette lecture pertinente et surprenante. Ayant lu La peste il y a plusieurs années, je n’avais évidemment pas fait cette comparaison. Plus de trois cents ans plus tard, le miroir est impressionnant. Bien sûr, les moyens ne sont plus les mêmes. Mais les erreurs commises semblent se répéter sans cesse. Et l’humain est si démuni face au virus…