Jolis jolis monstres – Julien Dufresne-Lamy
Note : 9/10
Quatrième de couverture :
Certains disent qu’on est des monstres, des fous à électrocuter. Nous sommes des centaures, des licornes, des chimères à tête de femme. Les plus jolis monstres du monde. Au début des années sida, James est l’une des plus belles drag-queens de New York. La légende des bals, la reine des cabarets, l’amie fidèle des club kids et des stars underground. Quand trente ans plus tard il devient le mentor de Victor, un jeune père de famille à l’humour corrosif, James comprend que le monde et les mentalités ont changé. Sur trois décennies, Jolis jolis monstres aborde avec finesse et fantaisie la culture drag, le voguing et la scène ballroom dans un grand théâtre du genre et de l’identité. Au cœur d’une Amérique toujours plus fermée et idéologique, ce roman tendre mais bruyant est une ode à la beauté, à la fête et à la différence. Une prise de parole essentielle.
« Lady débarque dans le couloir et les deux nouvelles recrues lui disent, T’es si belle en drag-queen. Lady répond merci. Dans les marches, elle vérifie la boucle de ses bottes. Brillantes comme ses mains de taffetas. Lady se sent belle. Cavalière. A la conquête de son territoire. […] Les voix s’élèvent depuis la salle. Ça pulse en elle comme du cristal. Lady grimpe la dernière marche et sous les lumières, j’apparais tout entière. »
Mon avis :
Reçu lors de la présentation littéraire des éditions Belfond en mai dernier, je n’ai pu attendre très longtemps avant de découvrir Jolis jolis monstres de Julien Dufresne-Lamy. Quelle bonne idée de l’avoir mis en haut de la pile ! Je suis ravie de pouvoir déjà vous en parler.
Pour ce nouveau roman, Julien Dufresne-Lamy s’est intéressé au milieu méconnu des drag-queen aux Etats-Unis, jamais étudié en littérature française selon lui. Dans ce récit, deux personnages centraux : Lady Prudence, drag-queen et reine des cabarets new-yorkais dans les années 80 ; Victor, jeune père de famille d’origine mexicaine, qui, après plusieurs passages en prison trouve sa vocation, et cherche à devenir drag-queen.
C’est une véritable plongée dans le monde de la nuit et le cœur de New-York que nous expose l’auteur dans Jolis jolis monstres. L’ambiance qui y règne nous rapproche au plus près de ces années 80/90. Le nom des bars, les célèbres drag-queens de l’époque, le paysage new-yorkais, les strass et paillettes… Tout y est pour embarquer le lecteur avec succès.
Son écriture, travaillée et marquée, donne une vraie plus-value à ce roman. Julien Dufresne-Lamy a choisi une forme narrative très originale. Dans la première partie du livre, Lady Prudence nous conte son histoire et celle de Victor. Et dans la seconde partie, le garçon prend le relais s’adressant à Lady Prudence à son tour. Deux voix, deux univers.
Jolis jolis monstres, c’est aussi un cri. Un cri contre les différences, un cri contre le racisme, contre le SIDA, contre la violence, contre la télé-réalité. L’auteur n’évoque pas seulement les drag-queens. Il nous parle homosexualité, LGBT, transgenres, séropositifs, viols, meurtres, immigrés, etc… L’impasse n’a pas été faite sur le côté sombre de ces soirées festives.
J’ai adoré le roman de Julien Dufresne-Lamy. Son sujet atypique, sa plume à part, et tous ces personnages courageux et fiers. L’écrivain met en lumière un milieu souvent moqué et donne envie d’en découvrir encore plus. Un très joli roman que je recommande en cette rentrée littéraire.