Je me regarderai dans les yeux, Rim Battal : Mon avis
Le pitch ?
Surprise par ses parents en train de fumer une cigarette à la fenêtre de sa chambre, la narratrice décide de fuguer pour éviter les coups de sa mère. L’adolescente prend le train direction Casablanca, où sa tante vit, et chez qui elle espère trouver un soutien. À son arrivée, nul acte de sororité. La jeune fille de 17 ans est invitée à rentrer chez elle, munie d’un certificat de virginité…
Les points forts du livre
- la puissance du texte : dès l’incipit, Rim Battal nous immerge au cœur du traumatisme de son héroïne. L’action démarre dans le cabinet gynécologique, au moment où la narratrice s’apprête à vivre sa première fois. Avec force, l’écrivaine raconte la honte de la victime et la violence du geste. C’est cru, gratuit, infondé et injuste. Les mots de l’adolescente prennent aux tripes.
- un souffle unique : remontant ensuite la chronologie des faits, l’héroïne narre ce jour de trop, où sa condition de jeune fille vierge fut bafouée, sous couvert de traditions, de convictions ou derrière l’injonction d’une religion. Le récit est lâché avec colère, rage et brutalité. Je me regarderai dans les yeux se lit d’une traite, porté par un rythme fulgurant.
- le poids du récit : si l’éditeur mentionne l’ouvrage de Rim Battal comme un roman, l’histoire de cette adolescente est en réalité inspirée du vécu de son autrice. À travers cette anecdote personnelle, la poétesse témoigne de sa vie de femme au sein d’une société patriarcale et traditionaliste. Elle dénonce avec rage et authenticité le manque de droits féministes au Maroc, l’absence de sororité et la place du regard de l’autre et de la dignité chez ces familles.
En bref, un premier récit au ton engagé, manifeste et militant, reflet d’une époque malheureusement toujours d’actualité.
Mots-clés : femmes, Maroc, virginité, violences, sexualité, droits des femmes, patriarcat, religion
Une citation : « Mon sexe avait été ouvert sans désir et sans mon consentement, sur ordre et avec la connivence de toutes celles et tous ceux qui étaient supposés me protéger de ceux qui tenteraient d’ouvrir mon sexe sans amour, de la toucher sans mon consentement. »
Quelques mots sur l’autrice : Rim Battal est une poétesse, journaliste et écrivaine marocaine, née en 1987 à Casablanca. Je me regarderai dans les yeux est son premier roman.
À lire aussi : par son engagement féministe, le livre de Rim Battal m’a rappelé les écrits de Leïla Slimani, et notamment Sexe et mensonges dont je vous parlais par ici.
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Ce livre vous tente ?
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