Jacaranda, Gaël Faye : Mon avis
Le pitch ?
Printemps 1994.
Face aux professeurs inquiets de voir ses résultats scolaires dégringoler, Milan explique être perturbé par « la guerre ». D’un père français et d’une mère rwandaise, l’adolescent se sert du génocide des Tutsis pour émouvoir l’assemblée et ainsi éviter le redoublement.
Mais si des images meurtrières apparaissent chaque soir à la télévision, le sujet semble tabou au sein de la famille. Inutile d’insister car Venancia, la maman de Milan, dit ne plus avoir de proches au Rwanda. Le jeune homme en est convaincu… jusqu’à l’arrivée du petit Claude, à la fin de l’été…
Les points forts du livre
- la voix touchante d’un enfant : en donnant la parole à Milan, Gaël Faye se glisse avec talent dans la peau d’un garçon de 12 ans. Son insouciance, sa fraîcheur et sa confiance en l’autre apportent de l’émotion aux premiers chapitres. Son amour immédiat et fraternel pour Claude, dont l’existence lui était totalement inconnue la veille, m’a beaucoup touchée.
- la rencontre de quatre générations : si le texte démarre en 1994, il raconte un siècle d’histoire au Rwanda, depuis l’époque coloniale à la jeunesse actuelle, post génocide. D’Eusébie à Claude, de Stella à Rosalie, en passant par Sartre, Gaël Faye met en scène différents personnages, de tout âge, dont le récit renseigne le héros sur le passé du pays.
- un second ouvrage différent : après mon coup de cœur pour Petit pays (éditions Grasset, 2016), j’appréhendais de lire la même histoire, le même roman. Dans Jacaranda, l’écrivain traite du poids du silence et de ses répercussions. Il raconte la possibilité de réconciliation d’un peuple divisé, entre les bourreaux et leurs victimes. Tout, de sa construction aux thématiques étudiées, du pays aux protagonistes, diffère Petit pays de Jacaranda.
- un témoignage important : trente ans après le génocide, Gaël Faye offre un roman historique capital, instructif, à transmettre aux nouvelles générations.
En bref, un succès mérité pour ce livre phénomène de la rentrée littéraire.
Thématiques abordées : le génocide des Tutsis, le poids du silence, le devoir de transmission, la reconstruction d’un pays, le pardon, la réconciliation.
Une citation : « Chez nous, on ne raconte pas l’histoire de la famille. Résultat, on ne sait rien, et les vies s’éteignent avec ceux qui les portent. On dit que les paroles s’envolent et les écrits restent, mais que faire quand il n’y a ni paroles ni écrits ? »
Quelques mots sur l’auteur : Gaël Faye est un rappeur, chanteur et auteur franco-rwandais, né au Burundi en 1982. Son premier roman, Petit Pays, paru en 2016 aux éditions Grasset, est multi-primé. Jacaranda vient de remporter le prestigieux prix Renaudot.
A lire aussi : j’ai découvert Petit pays à l’occasion de son adaptation cinématographique en 2020. Je vous en parlais par ici.
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Avez-vous lu Jacaranda ?
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