Florida, Olivier Bourdeaut : Mon avis
Quatrième de couverture :
Enfant, Elizabeth est une mini-miss exploitée par sa mère. Au fil des concours, la fillette ressent de plus en plus de rancœur envers ses parents. Comprenant qu’il lui faut maîtriser son corps si elle veut être maître de son destin, la jeune femme entame sa transformation physique tout en préparant sa vengeance.
Hors-sujet.
Avec En attendant Bojangles (éditions Finitude, 2016), Olivier Bourdeaut a marqué ma vie de lectrice. Lors d’une rencontre à l’ambassade de France à Madrid, je lui faisais dédicacer mon exemplaire, puis un second mis en jeu sur les réseaux lançant mon tout premier concours. Plus tard, dans la cour d’un immeuble haussmannien, l’auteur me reconnaissait. Je passai la soirée à ses côtés, fêtant la sortie de son livre au format poche. Depuis, j’ai lu les adaptations en BD, romans graphiques ou illustrés, je suis allée au théâtre, au cinéma, redécouvrant à chaque fois le texte avec la même joie ! Je suis nostalgique, me direz-vous, de ce premier roman, et pour cause. J’ai abandonné la lecture de son deuxième opus, Pactum Salis (éditions Finitude, 2018) et je craignais de faire de même en entamant Florida…
Pour ses sept ans, la mère d’Elizabeth lui offre un cadeau d’anniversaire inattendu : son premier défilé de mini-miss. Par chance, la petite remporte le prix, encourageant ainsi sa maman à poursuivre les concours. Chaque week-end, sans l’avoir jamais voulu, Elizabeth est trimballée de ville en ville, dans l’espoir d’une nouvelle place sur le podium. La victoire n’arrivera plus, mais cette quête d’excellence aura des effets dévastateurs sur la jeune fille.
Entre les différents stratagèmes mis en place par sa mère dans la recherche de cette « perfection physique » et le silence ahurissant de son père, la colère et la rage d’Elizabeth grandissent avec elle. Rapidement, des TCA* apparaissent chez l’adolescente.
« Ma mère s’emmerdait, elle m’a transformée en poupée. Elle a joué avec sa poupée pendant quelques années et la poupée en a eu assez. Elle s’est vengée. »
Péniblement arrivée au bout du roman, l’impression d’avoir été dupée demeure. Argument marketing ou erreur de communication, le thème des mini-miss, soit-disant traité par l’écrivain, est à mon sens survolé. Florida aborde les troubles alimentaires, le bodybuilding (ou culturisme en français) ou encore les drogues. Mais les concours de ces enfants-miss prennent finalement peu de place dans le récit.
Après un début sarcastique et glaçant, l’évolution de l’héroïne perd en crédibilité, derrière l’imagination farfelue de l’écrivain. L’humour initial disparaît, laissant place à une histoire brouillonne. Le loufoque prend le dessus, créant une distance entre le lecteur et la protagoniste.
J’ai refermé Florida déçue et avec un léger sentiment de malaise. Impossible de m’attacher à Elizabeth, ni de croire à ses blessures et de comprendre son désir de vengeance. Je pensais lire un roman documenté sur la folie des miss aux États-Unis, j’y ai vu l’apologie d’une déchéance.
A lire plutôt : Par certains aspects des thématiques traitées, Florida m’a rappelé le très bon roman de Thomas Gunzig, Le sang des bêtes. Avec ce livre, l’auteur belge prouve qu’un récit peut être complètement barré, et dans le même temps amener à une réflexion des plus pertinentes.
*TCA : troubles compulsifs alimentaires
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