Être ici est une splendeur, Marie Darrieussecq : Mon avis
Quatrième de couverture :
Paula Modersohn-Becker voulait peindre et c’est tout. Elle était amie avec Rilke. Elle n’aimait pas tellement être mariée. Elle aimait le riz au lait, la compote de pommes, marcher dans la lande, Gauguin, Cézanne, les bains de mer, être nue au soleil, lire plutôt que gagner sa vie, et Paris. Elle voulait peut-être un enfant – sur ce point ses journaux et ses lettres sont ambigus. Elle a existé en vrai, de 1876 à 1907.
Rilke, l’expressionnisme et une fin prématurée.
Sur les étals de la librairie du musée de l’Orangerie, le regard de Paula en couverture du livre de Marie Darrieussecq m’appelle. L' »Autoportrait au 6ème jour de mariage » laisse deviner une grossesse chez la peintre méconnue. L’envie d’en apprendre davantage pointe son nez. Et c’est son titre, si poétique, qui me convaincra de l’acheter. Être ici est une splendeur est paru en 2016 aux éditions P.O.L.
Que sait-on de Paula Modersohn-Becker ? Qui, aujourd’hui, ailleurs qu’en Allemagne, connaît la jeune artiste disparue en 1907 ? Loin de la reconnaissance de Berthe Morisot, Suzanne Valandon, Frida Kahlo ou encore Mary Cassatt, Paula est pourtant une figure majeure de l’expressionnisme dans son pays. Aidée par ses recherches, Marie Darrieussecq retranscrit sa rencontre émouvante avec la peintre.
L’ouvrage est très court, presque furtif, à l’image peut-être de la vie de Paula Becker, morte d’une embolie pulmonaire à 31 ans. 140 pages, parsemées de citations, d’extraits de lettres, dont le récit n’est pas chronologique. Après un début décousu, la seconde partie du livre est à la fois captivante et bouleversante.
« Paula est jeune éternellement. Il reste d’elle une douzaine de photos. Petite, menue. Les joues rondes. Des taches de rousseur. Un chignon flou, la raie au milieu. « D’un or florentin », dira Rilke. »
L’autrice évoque le travail de la jeune femme, son rapport à la peinture, sa boulimie de peindre. Elle aborde aussi ses amitiés, à l’image de sa meilleure amie Clara et du poéte Rilke, sa famille et ses amours. Malgré les échanges épistolaires, et si certains faits ont pu être confirmés après les années, une ambiguïté perdure au sujet d’autres instants de la vie de Paula.
Animée par la passion, l’écrivaine porte un regard intéressant sur l’artiste et dresse une biographie touchante. Étant moi-même attirée par l’art, les portraits de femmes artistes et la fin du XIXe siècle, j’ai dévoré ce petit livre avant d’aller fouiller sur Internet à la recherche des tableaux de la peintre. Être ici est une splendeur offre une belle première approche, à venir compléter pour plus de profondeur.