Elle, par bonheur, et toujours nue – Guy Goffette
Note : 10/10
Quatrième de couverture :
« Entre la beauté que vous, Pierre Bonnard, m’avez jetée dans les bras, sans le savoir, et celle que vous avez aimée au long de quarante-neuf années, il y a un monde, ou ce n’est pas de la peinture. Il y a un monde et c’est l’aventure du regard, avec ses ombres, ses lumières, ses accidents et ses bonheurs. Un monde en apparence ouvert et pourtant fermé comme une vie d’homme. Les clés pour y pénétrer ne sont pas dans les livres, pas dans la nature, mais très loin derrière nos yeux, dans ce jardin où l’enfance s’est un jour assise, le coeur battant, pour attendre la mer. C’est là qu’il faut aller. C’est là que Marthe m’a rejoint dans le musée à colonnade et m’a sauvé de la solitude et de l’ennui où je mourais. »
« Un pas en avant, deux en arrière, elle tente de traverser le boulevard Hausmann, véritable champ de courses à l’heure de pointe, comme si fiacres, trolley, omnibus à impériale, toutes les voitures à chevaux de Paris s’étaient rassemblés là et, prises de folie, cherchaient à se disputer le pavé comme une botte de foin emportée à la tempête.
Un pas en avant, deux en arrière, c’est déjà Marthe et c’est encore Marie. »
Mon avis :
C’est au détour des allées de la foire de Bruxelles que j’ai fait connaissance avec Guy Goffette. Me baladant avec ma copine blogueuse Adélaïde (@amour.des.mots), nous sommes tombées par hasard sur ses ouvrages au format poche. Adélaïde s’est empressée de me conseiller de lire ce titre qu’elle avait trouvé si poétique. La faiblesse a eu raison de moi, je me suis procurée le livre dans la foulée.
Elle, par bonheur, et toujours nue présente l’œuvre du peintre Pierre Bonnard, et son histoire d’amour avec Marthe, son épouse. Guy Goffette relate près de cinquante ans de passion et l’influence de cette adoration dans les tableaux de l’artiste.
Un récit court, un texte proche de la prose, des sentiments, un peintre emblématique et une muse secrète. Le roman de Guy Goffette pourrait se résumer en ces quelques mots. Mais l’écrivain nous offre bien plus que cela avec ce livre. Un petit bijou de finesse et de poésie, qui éclaire le travail de Pierre Bonnard, en nous plongeant au cœur du milieu artistique parisien de l’époque. Pierre Bonnard côtoie Toulouse-Lautrec, Vuillard ou encore Braque.
Et derrière la peinture de Pierre, se cache le personnage de Marthe, sa source d’inspiration première. Marthe, qu’il dessinera toujours nue, comme d’autres ensuite. Marthe, dont la véritable identité lui aura été cachée pendant des années, pour protéger cet amour. Guy Goffette décrit avec justesse le désir, la confiance absolue, l’admiration.
Elle, par bonheur, et toujours nue m’a rappelé Gabriële, le chef d’œuvre des sœurs Berest, ou encore Rien n’est noir, sur Frida Kahlo. L’art, et la peinture plus précisément, sont une source inépuisable pour nos contemporains. Guy Goffette met en lumière et en beauté l’œuvre de Pierre Bonnard. A lire et à relire, avec délice.