Éden, Auður Ava Ólafsdóttir : Mon avis
Quatrième de couverture :
Alba rentre d’un colloque de linguistes à l’étranger. Passionnée par les langues minoritaires et par la puissance évocatrice des mots, elle est aussi relectrice-correctrice, et le manuscrit d’un jeune poète l’attend, un ancien étudiant avec lequel elle a eu une aventure. En atterrissant à Reykjavík, elle s’interroge sur tous ses voyages dans les coins les plus reculés du monde. Combien d’arbres lui faudrait-il planter chaque année pour compenser son empreinte carbone ? Des langues sont en voie d’extinction, mais en Islande les arbres ont déjà disparu. Sur un coup de tête, elle achète un terrain de sable noir et de lave, au fin fond de l’Islande aride et désertique, avec une maison délabrée. Rien n’est censé pousser là, mais Alba décide de passer à l’action. Elle change de vie, quitte la ville et les cercles littéraires pour planter des bouleaux, cultiver un potager. Elle se lie aux villageois et accueille Danyel, un jeune réfugié.
Retour mitigé.
Chaque nouveau roman d’Auður Ava Ólafsdóttir paru en France est un événement dans ma vie de lectrice. En 2019, la lecture de Miss Islande me provoquait de très vives émotions. Aujourd’hui encore, je place ce livre dans mon palmarès personnel, aux côtés de Monsieur Ibrahim et les Fleurs du Coran, En attendant Bojangles ou encore La papeterie Tsubaki. En cette rentrée littéraire, l’écrivaine islandaise fait l’actualité avec son titre Éden aux éditions Zulma, disponible depuis le 7 septembre.
C’est au retour d’un colloque sur la disparition des langues minoritaires que la question survient dans l’esprit d’Alba. Spécialiste en linguistique et correctrice, la jeune femme multiplie les voyages en avion pour ses interventions. Consciente de sa charge carbone, Alba se demande combien d’arbres elle devrait planter pour alléger son empreinte. Le calcul est vite fait : 5600.
Alors que ce nombre en découragerait plus d’un, Alba envisage soudain d’acheter un terrain pour se lancer dans le projet. Dans ce but et contre l’avis de sa sœur, elle investit dans une vieille demeure à la campagne.
« En rentrant chez moi, je me demande combien d’arbres je devrais planter si je voulais compenser l’empreinte carbone de tous les trajets en avion que j’ai effectués l’an dernier. Si je me souviens bien, il faut planter trois cent cinquante arbres pour compenser chaque vol par-dessus l’océan. J’ai assisté à deux colloques sur les langues minoritaires […]. Cela équivaut, si on compte les correspondances, aller et retour, à un total de seize vols. Je calcule mentalement le résultat. Cinq mille six cents arbres. »
Si le sujet écologique m’a interpellée, il arrive après un début confus et peu accrocheur. La narratrice évoque les langues, la planète, mais l’intrigue tarde à se mettre en place. Heureusement, avec son arrivée au village, différents personnages font leur entrée, et notamment le très attachant Danyel, jeune réfugié de 16 ans.
Au contact des habitants, l’héroïne libre et solitaire noue de belles affinités. Derrière le récit de sa plantation, Auður Ava Ólafsdóttir traite des questions d’intégration, de réchauffement climatique, de transmission et d’héritage. Avec une note d’humour et de loufoquerie comme elle en a l’habitude, l’autrice déploie une histoire de rencontres et de solidarité émouvante.
J’ai aimé Éden sur le tard, touchée par la sensibilité de ses protagonistes. Mais il est, à mon sens, destiné aux aficionadosde l’écrivaine islandaise, aux coutumiers de sa plume. Pour découvrir son univers, je recommanderais plutôt Miss Islande ou Rosa Candida, deux titres plus accessibles.
A lire aussi : je vous conseille également la lecture des très beaux L’exception et La vérité sur la lumière, parus respectivement en 2014 et 2022 en France.
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Avez-vous déjà lu cette écrivaine ?
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