Écoute la pluie tomber, Olivia Ruiz : Mon avis
Quatrième de couverture :
Marseillette, 1977. Dans le café qui l’a accueillie, étouffée, puis révélée, Carmen pleure sa nièce chérie. À plus de quarante ans, elle se rappelle les personnages qui ont changé sa vie.
Ceux qui l’ont fait plonger, l’ont remise dans le droit chemin. Ceux qui ont su percer ses failles et écouter ses désirs. Sans oublier ses sœurs, dont elle partage les stigmates de l’exil mais refuse de suivre la route.
Parce qu’après tant d’épreuves, Carmen aussi veut s’inventer un destin…
D’une hacienda près de Tolède à la prison madrilène de Ventas où le franquisme fait rage, en passant par un paquebot transatlantique, Olivia Ruiz nous embarque dans les tourments d’une histoire qui s’entremêle à la grande, où l’amour triomphe de la violence. Un nouveau roman chavirant.
Du sang espagnol dans les veines du roman.
Au réveil, quelques gouttes tapotent sur la vitre de la chambre. Je tire les rideaux, la pluie est là, rafraîchissante en cette semaine de mai. J’ouvre la fenêtre et le roman d’Olivia Ruiz apparaît comme une évidence. Écoute la pluie tomber me dit l’écrivaine. A la lecture des premiers mots, c’est surtout la musique espagnole qui résonne en moi…
Il a suffi d’un regard pour tout renverser. Les yeux fiévreux d’Antonio ont croisé ceux timides de Carmen. Le torero a le sang chaud. En une nuit, il s’embrase et invite sa belle à un aller simple pour Madrid. Marseillette, le café, ses sœurs, le ménage… La jeune fille en a marre et voit en cette proposition d’exil un véritable eldorado. La voiture démarre sans un au revoir pour Leonor et Rita, restées au comptoir.
Carmen déteste la tauromachie, mais elle aime follement cette nouvelle vie. La Casa Grande lui offre une liberté, financière surtout. Dans cette Espagne qui a vu naître ses parents, la jeune femme existe enfin. Elle retrouve du sens, loin des liens familiaux et des questionnements. Mais le bonheur est fragile et le genre humain révèle parfois le pire…
« J’ai longtemps nié mon existence. Aujourd’hui je regarde dans le rétroviseur ceux qui l’ont forgée. Ils sont tous là, se rappelant à mon souvenir d’un signe de la main, pour que je continue de la construire sans oublier chaque leçon qu’ils m’ont donnée. »
Du café de Marseillette, à la campagne castillane, en passant par la prison de Ventas, Olivia Ruiz déploie un récit captivant, où l’Histoire franquiste s’invite au roman. Plus fouillé et abouti que La commode aux tiroirs de couleurs (éd. JC Lattès, 2020), l’autrice traite ses thématiques favorites : l’Espagne, l’immigration, les racines. Son phrasé, parsemé de mots castillans, donne le ton juste aux aventures de Carmen, Leonor, Rita, Escouto et les autres. Autant de personnages hauts en couleur qui donnent leur titre aux chapitres.
Et qu’est-ce que je l’aime, cette langue ! Moi qui ai vécu six années à Madrid, impossible de ne pas être sensible à ce texte, à ce son et à la voix d’Olivia Ruiz chuchotant à mon oreille durant toute ma lecture. Écoute la pluie tomber vient confirmer le talent d’écrivaine de l’artiste. Il réchauffe, mais ne brûle pas, comme les rayons du soleil madrilène…
Le deuxième roman d’Olivia Ruiz est paru le 11 mai dernier aux éditions JC Lattès.