Du même sang, Denene Millner : Mon avis
Quatrième de couverture :
Au milieu des années 1960, Grace, jeune fille noire exilée du Sud ségrégationniste vers un New York en pleine lutte pour les droits civiques, tombe enceinte en même temps qu’elle découvre l’amour. On ne lui permet pas de garder l’enfant. C’est Delores, une femme traumatisée dans sa chair et dans son âme, qui va adopter et élever sa fille, Rae, en tentant de la préserver du poids de ses souvenirs. Mais à l’heure de devenir mère à son tour, Rae devra affronter cet héritage et faire la paix avec sa famille adoptive aussi bien qu’avec l’inconnue qui l’a mise au monde. À travers cette saga vibrante qui, dans une même aspiration à la liberté, fédère trois femmes aux prises avec leur histoire personnelle et la société américaine, Denene Millner explore avec une infinie justesse et un remarquable sens du détail les mille détours de l’amour parental et filial, de la transmission, de la quête des origines et des absences qui nous hantent. Du Sud ségrégué des années 1960, implacable et cruel, au New York du XXIe siècle aux rapports plus insidieux, femmes et hommes, forts ou vaincus, violents, lâches, tendres, perdus ou retrouvés, s’animent pour composer un roman intime conté avec un souffle épique.
Trois livres en un.
Le poids d’un livre se devine parfois à la force de sa couverture. Quand l’équipe du Cherche Midi m’a contactée pour me faire découvrir Du même sang de Denene Millner*, j’ai pressenti sa puissance aux traits de ce visage illustré. Premier roman de l’écrivaine américaine traduit en français et, j’en suis persuadée, évènement de la rentrée littéraire, Du même sang est en librairie depuis le 24 août.
Le destin de Grace bascule un jour de 1965, lorsque sa mère décède sous les coups de son compagnon, et que sa grand-mère est envoyée en prison après avoir menti aux blancs. La jeune fille noire est recueillie par sa grande-tante dans le nord du pays. Elle se sent seule, malheureuse et maltraitée. Très vite, l’adolescente trouve une oreille attentive auprès de Dale, le fils de la voisine. Et malgré leur différence de couleur, l’amitié des deux jeunes se transforme en histoire d’amour…
Ainsi démarre ce récit de femmes noires, aux droits bafoués mais à l’âme solide. Après Grace, Denene Millner raconte Delores et son désir d’enfants avorté. Le viol, l’adoption, les années de mariage, le don de soi et finalement, la désillusion.
« C’était comme ça, avec les blancs; ils comptaient sur les parties du corps des Noirs – des mains pour la lessive, des dos pour labourer la terre, des seins pour nourrir leurs bébés -, mais ils ne supportaient pas que les corps entiers aient des âmes qui les habitaient. Ces âmes qui, tous les matins, devaient rassembler leurs forces fragiles pour convaincre le corps de se soumettre au labeur, encore et toujours, sans avantages ni pauses ni droit de se plaindre. »
Puis vient l’histoire de Rae, à l’aube du second millénaire. Un mari sexy mais peu courageux et pas très fidèle non plus. Une carrière professionnelle ambitieuse, une petite fille à élever et avec tout cela, un questionnement constant sur ses propres racines. Des rêves mystiques reviennent dans les nuits de Rae, rappelant les dons de guérisseuse de son arrière grand-mère…
611 pages. Il n’en fallait pas moins pour dérouler une telle saga. Et lorsque la dernière ligne m’est apparue, j’en aurais bien réclamer davantage ! En cause, le talent de conteuse de Denene Millner et la prouesse de la traductrice Valérie Le Plouhinec. Elles nous livrent, à elles deux, un scénario prenant, un texte vif et vibrant, difficile à reposer une fois entamé.
Avec, en toile de fond, le sang de ces futures mères, l’autrice déploie un roman hommage aux femmes de sa communauté, inspiré de son expérience et de sa quête d’identité. Au cœur d’une Amérique raciste, ses héroïnes luttent chaque jour pour leur survie.
Ouvrage résolument féministe, Du même sang rappelle le chemin parcouru par nous toutes. Les portraits de Grace, Maw-Maw, Dale, Delores ou Rae, combatives et si attachantes, donnent espoir.
Un livre coup de poing, numéro un de la rentrée dans mon cœur de lectrice !
A lire aussi : Kathryn Stockett a également traité de la ségrégation dans son best-seller La couleur des sentiments. Adapté au cinéma, je vous parlais de ce roman lors de ma lecture en 2019.
*j’ai lu Du même sang de Denene Millner en avant-première, dans le cadre d’une collaboration commerciale rémunérée avec les éditions du Cherche Midi.
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Ce roman vous tente ?
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