Disparaître – Mathieu Menegaux
Note : 8/10
Quatrième de couverture :
Une jeune femme met fin à ses jours à Paris, dans le XVIII° arrondissement.
Un homme est retrouvé noyé sur une plage, à Saint-Jean Cap Ferrat, sans que personne soit en mesure de l’identifier : le séjour en mer l’a défiguré, et l’extrémité de chacun de ses doigts a été brûlée.
Quel lien unit ces deux affaires ? Qui a pris tant de soin à préserver l’anonymat du noyé, et pour quelles raisons ? Qu’est-ce qui peut pousser un homme ou une femme à vouloir disparaître ?
Avec ce roman impossible à lâcher, Mathieu Menegaux rejoint ceux qui pensent que les histoires d’amour finissent mal, en général.
Mon avis :
Découvert en 2018 avec le roman Est-ce ainsi que les hommes jugent ?, Mathieu Ménégaux ne m’avait pas laissé un grand souvenir littéraire. Son nouveau titre paru en cette rentrée d’hiver allait rester, je le pensais, un moment dans ma pile avant d’être entamé. C’était sans compter les nombreuses critiques dithyrambiques de mes acolytes blogueuses. Disparaître était, selon elles, LE livre qui vous sortait de toutes pannes de lecture. J’ai voulu vérifier par moi-même.
Une jeune femme met fin à ses jours en se jetant de son balcon en plein Paris. Un homme est retrouvé noyé sur une plage du Sud, démuni de tous poils, cheveux et aux extrémités digitales brûlées. Un policier est mandaté pour enquêter sur cette étrange disparition. Existe-t-il un lien entre ces trois personnes ? Quel est-il ? Qui se cache derrière ces personnes décédées ?
« Un silence brutal vient de s’abattre sur les Abbesses. Quelques instants auparavant, la rue des Trois-Frères grouillait de monde, des hommes et des femmes riaient, s’apostrophaient, trinquaient, s’embrassaient, fumaient et parlaient fort. […] En une seconde toute cette foule s’est figée. Les joyeux drilles se sont statufiés. Le cri les a glacés. Tous ont tourné la tête, chercher à localiser d’où il provenait. Il retentissait encore, alors qu’il n’avait duré que quelques secondes. Un hurlement de femme, primitif et inoubliable. Certains, rares, ont vu le corps chuter. La plupart n’en ont pas eu le temps. Mais au silence qui a suivi le choc, tous ont compris qu’elle était morte. »
C’est sur ces mots que s’ouvre le récit haletant de Mathieu Ménégaux. L’auteur ne laisse pas de place au suspense, une jeune femme est morte, suivi d’un homme quelques lignes plus loin. Nous devinons très rapidement qui sont ces deux personnes. L’enjeu du roman n’est pas d’élucider la façon dont elles sont décédées.
Pourquoi disparaître ? Comment en arrive-t-on là ? Et pourquoi ne vouloir laisser aucune trace ? Mathieu Ménégaux tisse la toile de son énigme à petits pas. Son écriture entraînante nous tient en haleine. Son imagination débordante nous emmène. Les pages se tournent sans accroc. Grâce à cette plume, l’auteur excelle dans l’art d’attiser la curiosité chez son lecteur.
Après mes deux cents pages de lecture, je reprends mon souffle, bluffée par le talent de l’écrivain. Puis, je m’étonne : à aucun moment, je n’ai ressenti une quelconque affection pour l’un des trois personnages. J’ai été embarquée, totalement conquise par le scénario dressé par Mathieu Ménégaux, mais aucunement touchée par le destin de ces personnes. Est-ce obligatoire pour faire naître un coup de cœur en littérature ? Est-ce cela la différence entre un roman marquant et un livre qu’on oublie rapidement ? Disparaître m’a beaucoup plu. Reste à savoir si je le garderai en mémoire longtemps…