Dîner à Montréal – Philippe Besson
Quatrième de couverture :
Ils se sont aimés, à l’âge des possibles, puis quittés, sans réelle explication. Dix-huit ans plus tard, ils se croisent, presque par hasard, à Montréal. Qui sont-ils devenus ? Qu’ont-ils fait de leur jeunesse et de leurs promesses ? Sont-ils heureux, aujourd’hui, avec la personne qui partage désormais leur vie ?
Le temps d’un dîner de retrouvailles – à quatre – chaque mot, chaque regard, chaque geste est scruté, pesé, interprété. Tout remonte à la surface : les non-dits, les regrets, la course du temps, mais aussi l’espérance et les fantômes du désir.
À leurs risques et périls.
« Je vous ai parlé de Paul Darrigrand. Je vous ai parlé de ce jeune homme aux yeux noirs, qui venait jadis me retrouver dans ma chambre d’étudiants à Bordeaux ; c’était en 1989. Je vous ai parlé de notre amour clandestin, vécu dans le plus bel âge, tandis que je valsais dangereusement avec la mort ; de cet amour inabouti, finalement renvoyé au néant, à la fin d’un été. Je vous ai avoué également que j’avais fini par revoir Paul. Longtemps après. […] Ce que je ne vous ai pas raconté, c’est ce qui s’est passé juste après. »
Mon avis :
Après Arrête avec tes mensonges et Un certain Paul Darrigrand, j’ai clos le triptyque de Philippe Besson avec la lecture de Dîner à Montréal. Ces trois titres sont à retrouver en format poche aux éditions Pocket, qui a sorti pour l’occasion une nouvelle collection de l’œuvre de l’auteur.
Philippe Besson n’a plus vu Paul Darrigrand depuis des années lorsqu’il le croise, par hasard, lors d’une dédicace dans une librairie de Montréal. L’auteur vient y présenter son dernier roman. Paul Darrigrand, qui vit désormais au Québec, lui dit être venu sur un coup de tête… Rapidement pourtant, une invitation à dîner – ou souper devrait-on dire – se glisse dans l’échange furtif entre les deux hommes…
Un dîner, rien qu’une soirée passée dans un restaurant, entre deux couples. Comment ces quelques heures peuvent-elles composer l’essence même de tout un récit ? C’est peut-être le secret de Philippe Besson. Savoir décrire, disséquer, analyser les dialogues, les coucher sur papier, même longtemps après. Ces histoires, il les retranscrit avec tant de légèreté et de violence à la fois. J’en suis surprise et admirative à chaque livre.
Dîner à Montréal, au même titre que ses prédécesseurs, se dévore, s’absorbe, se lit en apnée. Dans des chapitres laconiques, l’écrivain impose son rythme, lent et vif. Nous assistons à une soirée privée, qui semble s’allonger pendant des heures tant les détails sont précis. Philippe Besson ne néglige rien, ni le regard des protagonistes, ni la gestuelle trompeuse du certain Paul Darrigrand. Nous sommes avec eux, assis à table, dans ce restaurant québécois.
J’aime cet auteur, pour ce qu’il est, pour ce qu’il écrit, pour les valeurs qu’il transmet. Ses souvenirs sont peut-être flous au moment de prendre la plume, mais ses mots transpirent la sincérité et la vérité. C’est ce que j’aime. Alors certes, nous sommes loin des pavés littéraires aux longues descriptions, et aux phrases pompeuses – et parfois imbuvables il faut bien le dire ! Mais sa littérature me transmet des émotions, et je n’en demande pas davantage pour être une lectrice heureuse 😉