Deux sœurs, David Foenkinos : Mon avis
Quatrième de couverture :
Du jour au lendemain, Étienne décide de quitter Mathilde, et l’univers de la jeune femme s’effondre. Comment ne pas sombrer devant ce vide aussi soudain qu’inacceptable ? Quel avenir composer avec le fantôme d’un amour disparu ? Dévastée, Mathilde est recueillie par sa sœur Agathe dans le petit appartement qu’elle occupe avec son mari Frédéric et leur fille Lili. De nouveaux liens se tissent progressivement au sein de ce huis clos familial, où chacun peine de plus en plus à trouver un équilibre. Il suffira d’un rien pour que tout bascule… David Foenkinos dresse le portrait d’une femme aux prises avec les tourments de l’abandon. Mathilde révèle peu à peu une nouvelle personnalité, glaçante, inattendue. Deux sœurs, ou la restitution précise d’une passion amoureuse et de ses dérives.
Folie destructrice.
Je replonge dans les livres de David Foenkinos comme on retombe en enfance. La plume de l’auteur me rassure, ses textes me réconfortent après une panne de lecture ou une déception. Comme un bonbon acidulé qui fait du bien au moral les jours de pluie. Malgré l’émotion, j’ai reconnu tout cela dans Vers la beauté, lu le mois dernier. En ouvrant Deux sœurs quelques semaines plus tard, j’espérais retrouver cette douceur habituelle et la touche d’humour de l’écrivain. Ce roman n’a rien de commun avec ses prédécesseurs…
Après de longues journées de malaises et de silences, Étienne annonce à Mathilde qu’il la quitte. Sans se justifier, il part et lui laisse l’appartement, la prévenant qu’elle a tout son temps pour déménager. Quelques semaines plus tard, embarrassé, Étienne annonce à Mathilde vouloir récupérer le logement afin d’emménager avec sa nouvelle petite amie…
Le choc est terrible pour Mathilde, qui vit entre deux eaux depuis la séparation. Très fragile, elle a été suspendue de ses fonctions au lycée où elle enseigne. En manque de ressources, elle accepte d’être hébergée chez sa sœur, mariée et mère d’une petite fille.
« Au tout départ, Mathilde perçut quelque chose d’étrange sur le visage d’Étienne. C’est ainsi que l’histoire commença d’une manière presque anodine ; n’est-ce pas le fait de toutes les tragédies ? »
Démarrant souvent avec légèreté, David Foenkinos traite la gravité et l’obscurité dans nombre de ses ouvrages. Dans Deux sœurs, aucun détachement, aucun rire ne viennent alléger le récit. Mathilde est dans une impasse, entre une dépression cachée, un échec personnel et professionnel, et la jalousie de la vie de famille de sa sœur Agathe. Le roman est sombre, angoissant et ne laisse jamais entrevoir la lumière.
L’écrivain nous a pourtant habitués à autre chose. Il aime raconter la reconstruction, la renaissance de ses héros, la beauté après l’horreur. Ici, il s’intéresse au point de bascule qui amènera Mathilde à la dérive. A la lecture de ses aventures, une question se pose : jusqu’où va-t-elle aller ? L’héroïne commettra-t-elle le pire ?
David Foenkinos livre un thriller psychologique glaçant, au final détonant. Si j’ai regretté l’absence d’ironie dans ce roman, je reconnais la précision de l’écriture et le scénario maîtrisé de l’auteur. J’aurais préféré refermer le livre sur une autre fin mais cela lui appartient. Deux sœurs est un coup de cœur, comme tous les titres de Foenkinos.