De son sang, Capucine Delattre : Mon avis
Le pitch ?
Malgré les efforts, malgré les années, malgré un divorce et une volonté inépuisable, Sabine n’a jamais aimé son enfant. Samuel passe un week-end sur deux chez elle, et c’est encore trop.
Le désamour maternel peut-il exister ? Peut-il être dit, assumé, sans jugement, sans peur et sans remord ?
Sabine n’a pas honte du malaise ressenti lorsqu’elle est avec son fils. Elle ne craint pas le regard de l’autre en avouant son comportement. Plus que tout, c’est la cohabitation forcée avec cet inconnu qu’elle redoute.
Alors doit-elle se sentir coupable, quand, par hasard, une complicité immédiate naît entre elle et le fils de sa collègue ?
Les points forts du livre
- un texte qui dérange : qu’on se le dise, Capucine Delattre tape là où ça fait mal ! Sous des faux-airs de provocatrice, son héroïne confesse le pire. Faute d’amour, elle ne veut plus s’occuper de son fils Samuel, et subir l’angoisse qui en découle. Par le portrait de cette femme à contre-courant, l’écrivaine choque et interpelle. Pour ses collègues, amis ou ex-mari, Sabine est froide, cruelle ou sans empathie.
- un récit qui monte en puissance : après la description de la relation anxiogène entre Sabine et son fils, l’autrice raconte l’amour entre la narratrice et le fils de sa collègue. Doucement, insidieusement, le monstre se déploie, laissant imaginer un drame… Au-delà du ton jubilatoire et accrocheur, j’ai aimé la parole féministe, engagée et contemporaine de Capucine Delattre, à travers le comportement de Sabine.
En bref, un excellent roman sur la question de la parentalité et du désir d’enfant. Je me suis reconnue dans les questions posées par le livre. Il amène un point de vue intéressant et audacieux.
Mots-clés : maternité, enfant, parentalité, éducation, non-désir d’enfant, désamour, féminisme
Une citation : « Les monstres, aussi haïs soient-ils, ont au moins le réconfort de se savoir en parfait accord avec la façon dont ils sont perçus, et la chance de pouvoir vivre sans injonction à changer ni crainte de se voir un jour plus détestés qu’ils ne le sont déjà. Il y a un grand repos à être une cause perdue. »
Quelques mots sur l’autrice : Capucine Delattre est une écrivaine et éditrice française, née en 2000. Son premier roman, Les déviantes, est paru aux éditions Belfond en 2020. De son sang est son troisième ouvrage.
À lire aussi : par certains aspects, l’héroïne du roman de Capucine Delattre m’a rappelé celles de Maud Ventura dans ses ouvrages Mon mari et Célèbre.
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Ce roman vous tente ?
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