De pierre et d’os – Bérengère Cournut
Quatrième de couverture :
Dans ce monde des confins, une nuit, une fracture de la banquise sépare une jeune femme inuit de sa famille. Uqsuralik se voit livrée à elle-même, plongée dans la pénombre et le froid polaire. Elle n’a d’autre solution pour survivre que d’avancer, trouver un refuge. Commence ainsi pour elle, dans des conditions extrêmes, le chemin d’une quête qui, au-delà des vastitudes de l’espace arctique, va lui révéler son monde intérieur.
Deux ans après son roman Née contente à Oraibi, qui nous faisait découvrir la culture des indiens hopis, Bérengère Cournut poursuit sa recherche d’une vision alternative du monde avec un roman qui nous amène cette fois-ci dans le monde inuit. Empreint à la fois de douceur, d’écologie et de spiritualité, De pierre et d’os nous plonge dans le destin solaire d’une jeune femme eskimo.
« Sous son dôme, ma famille ressemble à une grosse bête roulée sur elle-même. D’ordinaire, je respire comme tous du même grognement de mon père, mais cette nuit une douleur me déchire et m’extraie. Enfiler un pantalon, des bottes, une veste – me glisser hors de la maison de neige. L’air glacé entre dans mes poumons, descend le long de ma colonne vertébrale, vient apaiser la brûlure de mes entrailles. Au-dessus de moi, la nuit est claire comme une aurore. La lune brille comme deux couteaux de femme assemblés, tranchants sur les bords. Tout autour court un vaste troupeau d’étoiles. »
Mon avis :
Ma rencontre avec De pierre et d’os s’est faite dans les allées de la fête du livre de Saint-Etienne l’an dernier. Je m’y baladais avec mon amie blogueuse Clarine, lorsque nous avons aperçu le stand de dédicace de Bérengère Cournut. Clarine m’a dit que la critique encensait ce roman, dont je n’avais jamais entendu parler. Ces mots sont restés en moi et c’est avec ce souvenir que j’ai démarré ma lecture il y a quelques jours.
Uqsuralik est brutalement séparée de sa famille suite à la fonte de la banquise sur laquelle ils vivaient. Cette jeune Inuit doit tout d’un coup avancer seule, et trouver comment survivre, sans l’aide de son père pour pêcher et chasser. De là, commence un parcours initiatique pour la jeune femme, et la rencontre, parfois malheureuse, avec d’autres Inuit…
Inhabituel, différent, surprenant et osé… Ce sont les premières impressions ressenties aux prémices du récit. Par son emplacement géographique et la culture choisie, Bérengère Cournut offre un roman à l’opposé de ce que je lis habituellement. Nous ne connaissons pas l’époque, nous ne savons pas l’âge d’Uqsuralik, et le temps nous est conté – ou compté – en coucher de lune. L’auteure nous embarque sur les traces des Inuit, sur la banquise, dans le calme polaire.
Sa poésie, Bérengère Cournut la glisse dans l’histoire d’Uqsuralik, par ses croyances, ses prières et son destin incroyable. Avec finesse, elle déploie une épopée magnifique, sur le désir de vivre, de donner la vie aussi, et sur la force de ce peuple, qui se bat chaque jour avec – et non, contre – la nature. Un texte d’une beauté folle, parsemé de chants.
L’écrivaine dessine une ode à la Terre, un hommage à ces bêtes, dont nous nous nourrissons chaque jour, et un cri d’alarme sur la situation tragique de la planète aujourd’hui. Impossible derrière ses mots de ne pas deviner cette clameur écologique. Les aventures de cette jeune Inuit émeut, et renvoie à notre réalité. Celle d’une population matérialiste, exigeante et perpétuellement insatisfaite. Un conte à la fois tendre et bouleversant, pour tous les amoureux de la nature.