Confusions – Marie Tanguy

Quatrième de couverture :

« Ces deux derniers mois, j’ai passé près de cinq cents heures dans une pièce de onze m2 qui était devenue l’endroit le plus stratégique de France. Nous étions cinq à y travailler, composant le pôle Idées. J’avais rejoint l’équipe de campagne d’En Marche en tant que plume ; excitée, terrifiée, mais confiante. Je croyais que la sincérité de mon écriture suffirait. Je me trompais.
Accéder au sixième étage était le Graal. C’était le dernier, au plus près du ciel, celui du chef et de sa garde rapprochée. Moi qui y avais atterri directement, dans le bureau où s’écrivait le programme présidentiel, j’en gardais la sensation d’avoir été plongée dans une bassine d’huile bouillante. »

Écrit dans un souffle, Confusions offre une plongée troublante au cœur d’une campagne au fonctionnement illisible et à la réussite insolente. Dans ce récit puissant, Marie Tanguy explore l’engagement et la fragilité. Elle raconte un monde où règnent la bienveillance et la politesse feutrée, où le doute n’a pas sa place, où la vérité ne se discute pas. Mais s’exécute.

« Je n’ai jamais appris à écrire un discours. Je ne suis pas normalienne, je n’ai ni technique ni don particulier. Il est proprement incroyable que j’en sois arrivée là. Et de fait, pendant la campagne, je vécus de longues heures de paralysie, d’écran blanc où clignotait sans fin le curseur de ma souris. L’écriture ne venait pas, elle venait douloureusement. Chaque mot hésitait, vacillait, aurait voulu être un murmure, quand on attend d’un discours qu’il se déclame avec fierté. »

Mon avis :

Fragilisée par une expérience professionnelle dure, Marie Tanguy a puisé la force nécessaire pour témoigner dans ce premier ouvrage. Confusions est paru chez La Grenade, nouveau label des éditions JC Lattés.

Plume au sein de l’équipe de campagne du futur président de la République, Marie Tanguy y est restée deux mois, étouffée par une charge de travail surhumaine, un manque de reconnaissance, et une incompréhension concernant ses responsabilités. Elle livre dans Confusionsces semaines de chute et décrit le climat anxiogène dans lequel elle a dû travailler.

La politique, très peu pour moi ! Alors qu’une carrière de conseillère municipale s’ouvrait à moi dès le plus jeune âge – j’ai fait partie du conseil municipal des jeunes de ma ville à 13 ans – j’ai préféré me diriger vers le milieu bancaire en grandissant et m’éloigner d’un éventuel engagement politique. Il m’est arrivé de ne pas me déplacer pour voter, et je zappe de chaîne dès que j’aperçois la moindre interview politicienne à la télévision. Et pourtant, avec ses confidences sincères, Marie Tanguy a su me captiver tout au long de son récit.

Les faiblesses de la jeune femme sont palpables dès ses premiers mots. C’est une personne affaiblie qui prend la plume, psychologiquement et physiquement. Avec sincérité et humilité, Marie Tanguy revient sur le cauchemar qu’elle a vécu durant deux mois. Elle dresse le portrait de ces hommes – très peu de femmes sont présentes dans le cabinet d’Emmanuel Macron à l’époque – à l’égo imposant, foudres de guerre, bourreaux de travail, prêts à tout pour obtenir une place après les élections, ne calculant jamais leurs heures.

La confiance en soi, c’est ce qui manque à Marie pour tenir le coup. Elle ne comprend pas ce qu’elle fait là, pourquoi elle a été choisie, ni comment elle peut évoluer au sein de ces collègues si différents. Si je n’ai pas connu ce que Marie raconte, sa parole a fait écho en moi et j’ai été touchée par son témoignage. Que l’on soit de droite ou de gauche, pro Macron ou inversement, passionné de politique ou pas, l’authenticité qui se dégage de ces Confusions est indéniable et le courage de Marie à saluer.