Claire obscure – Sylvie Mouchon
Note : 7/10
Quatrième de couverture :
Depuis la fin de son adolescence, Claire souffre de narcolepsie. Dans le bus, dans la rue, au travail, elle s’endort n’importe où, n’importe quand, au point de ne plus distinguer la réalité du rêve. Comment construire sa vie quand les contours du réel sont si flous?
Infirmière en cardiologie dans une clinique parisienne, elle n’a pas le droit à l’erreur. Le jour où un patient décède pendant sa garde, elle est mise à pied et sombre dans la dépression.
Face à cette épreuve, ses proches se mobilisent. Son père, un homme bienveillant, sa tante, une excentrique espagnole, et Ali, le joyeux oiseau de nuit du bar voisin, devront faire preuve d’acharnement pour lui prouver que le bonheur est possible.
Un premier roman, entre rire et larmes, qui parle de notre époque, tiraillée entre activité frénétique et désir d’authentique.
« Claire rêvait qu’elle dormait. Elle s’agitait dans son rêve. Elle savait qu’elle ne devait surtout pas dormir, mais elle ne parvenait pas à se rappeler pourquoi. Elle rêvait qu’elle était dans un bus et qu’elle était en retard : pour se rendre à son travail ou à un rendez-vous ? Des gens lui parlaient, mais leurs voix lui parvenaient de très loin et elle ne comprenait pas ce qu’ils lui disaient. Que voulaient-ils ? Claire se réveilla en sursaut, regarda frénétiquement sa montre, son téléphone, autour d’elle : elle était bien assise dans un bus. »
Mon avis :
Couronné du prix de la Révélation littéraire Matmut, Claire obscure est le premier roman de Sylvie Mouchon. Il vient de paraître aux éditions Denoël.
Si certains rêvent de pouvoir s’endormir n’importe où et n’importe quand, pour une minorité de personne la narcolepsie est un réel cauchemar. Claire en est atteinte depuis plusieurs années, et se bat au quotidien pour que cela n’influence en rien son travail d’infirmière. Une lutte qui prend fin brutalement après le décès d’un de ses patients…
Accusée par l’hôpital où elle travaille, et mise à pied, la jeune femme se voit sombrer peu à peu dans une dépression. Elle n’a jamais accepté sa maladie, et ne veut pas en connaître la cause. Après des années de lutte acharnée, le temps de la reconstruction est-il enfin arrivé pour Claire ?
Derrière cette couverture sombre et mystérieuse, laissant imaginer un thriller, se cache en réalité un roman psychologique pour le moins original. Sylvie Mouchon dresse le portrait glaçant d’une narcoleptique et des dommages d’une amnésie traumatique. L’auteure se risque avec succès à dépeindre une protagoniste malade, déprimée, naïve et parfois agaçante.
Le fond, construit sans embûche, manque quelque peu de développement. A vouloir agrémenter son texte, Sylvie Mouchon multiplie les rebondissements, pouvant mettre en doute la crédibilité des faits. Heureusement, sa plume vive et les caractères enjoués de ses personnages nous font vite oublier ces légers défauts. L’écrivaine a travaillé son sujet, et créé la surprise dans son dénouement.
Un premier ouvrage encouragé par la critique, et prometteur pour la suite. Une belle surprise que je recommande à tous pour un moment de lecture sans prétention, mais qui saura marquer les esprits.