Cette nuit qui m’a donné le jour, Frédéric Perrot : Mon avis
Quatrième de couverture :
Étienne est dévasté par la mort de son père. Un père qui était un exemple pour lui et formait avec sa mère un couple modèle. Depuis trente ans, le jeune homme n’a jamais douté de leur amour réciproque ni de leur fidélité. C’est même le socle des rares certitudes sur lequel il tente de construire sa vie. Et pourtant. Avant de mourir, son père a écrit une lettre qui lui dévoile son plus grand secret : un amour intense qui a bouleversé le cours de sa vie. Ce récit exalté va faire voler en éclats l’image idéale qu’Étienne avait de ses parents, et lui fera entrevoir que la beauté de l’existence réside parfois dans ses imperfections.
Preuve d’amour vertigineuse.
J’ai l’appréhension des secondes fois. Voilà plusieurs jours que je repousse l’écriture de cet article, craignant mes propres mots. Au printemps, je vivais l’un de mes plus gros coups de cœur littéraires à la lecture du dernier roman de Frédéric Perrot, Ce qu’il reste d’horizon. Vous l’imaginez, l’émotion était grande en démarrant Cette nuit qui m’a donné le jour (éditions Mialet Barrault, 2022).
Dans l’obscurité de l’appartement familial, Étienne découvre la lettre que son père lui a laissé avant de décéder. Atteint de la maladie de Charcot, Henri communiquait via le clavier de son ordinateur. A défaut d’avoir la parole ou l’écriture, la technologie lui aura permis de se libérer d’un lourd secret…
La nuit blanche qu’Étienne s’apprête à vivre en lisant les mots de son père risque de bouleverser toutes ses croyances.
« Pour la première fois de sa vie, avec une clarté cristalline, il admet que c’est peut-être dans cette cruelle imprécision que réside la beauté de l’existence, dans les failles, les bosses. Les ratures. Plutôt que de les fuir, il fallait peut-être les épouser, avec le genou à terre, et tout le tralala qui convient. »
Si le décor initial semble le même entre les deux romans, – le héros doit affronter le décès commun de ses parents dans Ce qu’il reste d’horizon – Frédéric Perrot ne traite pas des mêmes questions. Loin de la thématique du deuil, Cette nuit qui m’a donné le jour est le récit d’une magnifique histoire d’amour, inattendue, surprenante et multiple. Derrière trente années de passion entre Marlène et Henri, Étienne découvre une vérité cachée, et ce qui, peut-être, a été le secret de leur longévité.
Alternant les narrations entre le fils et le père disparu, l’auteur livre un texte poétique d’une vive sensibilité. Quelques scènes laissent craindre par moments une plongée dans le mielleux et le nian-nian, mais il n’en est finalement rien ! J’ai regretté l’absence du petit grain de folie de l’écrivain, tant aimé dans Ce qu’il reste d’horizon – même si la comparaison entre deux oeuvres n’est pas toujours obligatoire.
Avec finesse, le roman raconte la dévotion, la résilience et le don de soi. Terminées dans un souffle, les nuits d’Étienne et d’Henri m’ont convaincue d’une chose : j’ai trouvé en Frédéric Perrot, l’une des plus jolies plumes françaises contemporaines.
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