Ce que je sais de toi, Eric Chacour : Mon avis
Quatrième de couverture :
Dans le Caire des années 1980, un jeune médecin suit un destin tracé pour lui. Entre son dispensaire et le prestigieux cabinet hérité de son père, Tarek n’a que peu de place pour se poser des questions. Mais la rencontre d’un être que tout semble éloigner de lui ébranlera son mariage, sa carrière et ses certitudes, ne lui laissant plus d’autre choix que l’exil.
De la communauté levantine d’Égypte aux hivers montréalais, du règne de Nasser jusqu’à l’aube des années 2000, Tarek fuit, erre, et se souvient. Mais sait-il qu’à plusieurs milliers de kilomètres, quelqu’un raccommode les lambeaux de son histoire et tente de remonter, chapitre après chapitre, le cours de sa vie ?
Quinze ans d’écriture
Lauréat des Prix Femina des lycéens etPrix des Libraires, Ce que je sais de toi est le premier roman d’Eric Chacour. En librairie depuis le 24 août dernier, le livre est paru aux éditions Philippe Rey. Une fois de plus, je ne pus résister aux arguments d’Augustin Trapenard sur le plateau de La Grande librairie. Je me procurai le livre dès le lendemain de l’émission.
Tarek a douze ans lorsqu’il décide, en quelques mots adressés à son père, de sa future carrière de médecin. Il suivra la voie paternelle, puisqu’aucune autre option ne semble envisageable. Dans les années 1980, après avoir repris le cabinet familial, le jeune docteur crée un dispensaire dans un quartier défavorisé du Caire. Ses semaines chargées se partagent entre ses patients en ville, sa vie de couple et ses gardes à Moqattam. Bientôt, une rencontre viendra tout basculer…
« Les souvenirs n’ont de valeur que pour ceux qui les peuplent. Une fois ces derniers disparus, ils deviennent une devise qui n’a plus cours, une monnaie de singe dont il faut se méfier. »
Dans Ce que je sais de toi, l’auteur raconte son Égypte. Les rues du Caire, ses parfums, ses odeurs, sa culture et son histoire. De 1960 aux années 2000 et derrière les secrets de famille qui entourent Tarek, le roman évoque le climat politique de l’époque, la pluralité des cultures, la classe bourgeoise ou encore les milieux défavorisés de la capitale.
Le récit démarre et une question surgit : qui écrit ? Le narrateur donne du « tu » à toutes les phrases, mais qui est-il ? Nous finirons évidemment par le découvrir mais cette intrigue apporte du rythme au texte si poétique de l’écrivain. Lors de son passage télévisé, Eric Chacour confiait avoir mis quinze ans pour finaliser l’écriture de ce premier ouvrage. Si le second est aussi beau, je veux bien attendre quinze nouvelles années…
Au-delà du héros libre et passionné décrit par l’auteur, j’ai adoré la bienveillance de sa nourrice, confidente et complice Fatheya. J’ai quitté ces personnages avec regret, oubliant leur côté fictif.
Eric Chacour livre un magnifique roman, justement dosé, entre invitation au voyage, visite culturelle et saga familiale. Un coup de cœur rare et inoubliable.
A lire aussi : la lecture de Ce que je sais de toi m’a rappelé le très bon premier roman de Stéphanie Perez, Le gardien de Téhéran. Mêlant fiction et réalité, le livre se déroule en 1979 en Iran. Je vous en parlais par ici.
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Ce roman vous tente ?
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