Ça arrive à tout le monde, Frédéric Terrien : Mon avis
Quatrième de couverture :
Un matin, Denis heurte Sophie dans la rue, télescopage fortuit, échange de regards, deux secondes où tout est possible. Mais non, chacun continue son chemin, passer à autre chose, comme toujours. Le soir même, Sophie joue à l’EuroMillions, les mêmes numéros depuis des années, elle voudrait changer de voiture. Denis tente sa chance pour la première fois, ce qui reste de son business boit la tasse. Ils gagnent. Une somme astronomique qui leur fait tourner la tête. Dès le lendemain, ces deux âmes un peu perdues à la naïveté gauche partent à la recherche de l’autre, dans une quête aigre-douce et farfelue. Un texte drôle aux accents ironiques et parfois dramatiques, sur l’amour et les jeux du hasard.
Hasard de la vie ou destin ?
J’ai d’abord flashé sur sa couverture. Depuis mes premiers échanges avec L’échelle du temps en novembre dernier, je trépigne d’impatience à l’idée de découvrir ce que cache cette illustration. J’aime ses couleurs qui, je le devine déjà, se fondront parfaitement dans mon feed Instagram. Et j’imagine ce que le dessin évoque : des vacances, une île paradisiaque, de la chaleur et du bon temps… Est-ce la promesse du premier roman de Frédéric Terrien ? Ça arrive à tout le monde paraît demain en librairie.
19h58. Il ne reste que deux petites minutes à Denis pour valider son ticket flash et tenter sa chance pour la super cagnotte de l’EuroMillions. 19h58. Sophie enregistre sa grille auprès de son bureau de tabac, misant comme chaque semaine sur les mêmes numéros. Ces deux inconnus, qui se sont croisés le matin même au pied de l’immeuble de la jeune femme, sont soudainement liés par le destin…
100 millions d’euros ! C’est la somme annoncée aux deux gagnants parisiens, ayant par hasard joué la même suite de chiffres. Sophie hallucine, se réjouit et songe déjà au premier beau voyage qu’elle va s’offrir avec l’argent. Denis, lui, s’étonne et râle contre l’autre vainqueur, insultant l’anonyme de lui voler son gain ! On lui avait promis 200 millions d’euros en cas de victoire, pas la moitié.
« Ça avait été fulgurant, presque animal. Une fois douchés et habillés, ils avaient échangé leurs téléphones et leurs prénoms, il était temps. Elle l’avait revu deux fois dans les cinq jours qui avaient suivi. Jamais dans sa vie elle n’avait été aussi impatiente de retomber dans les bras de quelqu’un. Elle ne savait pas si elle était amoureuse, mais elle vouait une admiration extatique pour ce type qui avait surgi de nulle part pour illuminer sa vie, pour la rendre si simple et fluide. »
Non sans rappeler La liste de mes envies de Grégoire Delacourt et adepte du jeu ou non, le livre de Frédéric Terrien interpelle. Que ferais-je avec une telle somme ? Comment réagirais-je si l’on m’annonçait une soudaine richesse tombée du ciel ? Il y a de quoi perdre la tête, comme cela semble être le cas pour Denis. Mais peut-être était-il déjà un peu « barré » avant la fameuse annonce.
Écrites en miroir, les aventures de nos deux héros se juxtaposent. Quelques heures avant leur victoire au jeu, Sophie et Denis se sont bousculés par hasard dans la rue. Les deux célibataires ont été frappés d’un coup de foudre et se cherchent, ignorant tout l’un de l’autre.
Dans un ton décalé, l’auteur déploie un roman terriblement humain, où l’amour et la passion dominent tout. Après un début hésitant, j’ai vibré avec Sophie et Denis, espérant ardemment leur rencontre. Frédéric Terrien s’amuse et se joue du lecteur, tendant un piège fourbe et imprévu en fin de scénario. Un ultime rebondissement, à l’image de ces boules du loto pouvant tout changer à la dernière seconde.
En bonus, la passion de l’écrivain pour la musique est omniprésente dans son texte. Ça arrive à tout le monde pourrait disposer de sa propre bande originale, tant les références sont riches et diversifiées.