Automne – Ali Smith
Note : 6.5/10
Quatrième de couverture :
Daniel Gluck, centenaire, ne reçoit pas d’autres visites dans sa maison de retraite que celles d’une jeune femme qui vient lui faire la lecture. Aucun lien familial entre les deux pourtant, mais une amitié profonde qui remonte à l’enfance d’Elisabeth, quand Daniel était son voisin. Elisabeth n’oubliera jamais la générosité de cet homme si gentil et distingué qui l’a éveillée à la littérature, au cinéma et à la peinture.
Les rêves – ceux des gens ordinaires, ou ceux des artistes oubliés – prennent une place importante dans la vie des protagonistes d’Ali Smith, mais le réel de nos sociétés profondément divisées y trouve également un écho. Le référendum sur le Brexit vient d’avoir lieu, et tout un pays se déchire au sujet de son avenir, alors que les deux amis mesurent, chacun à sa manière, le temps qui passe. Comment accompagner le mouvement perpétuel des saisons, entre les souvenirs qui affluent et la vie qui s’en va ?
L’écriture d’Ali Smith explore les fractures de nos démocraties modernes et nous interroge sur le sens de nos existences avec une poésie qui n’appartient qu’à elle, et qui lui a permis de s’imposer comme l’un des écrivains britanniques les plus singuliers, les plus lus dans le monde entier.
« Daniel est toujours là. Lors des trois dernières visites d’Elizabeth, il dormait. Et cette fois encore, il dormira. Elle s’installera sur une chaise près du lit et sortira le livre de son sac. Le pire des mondes. Daniel aura l’air si profondément endormi que ça sera comme s’il n’allait plus jamais se réveiller. »
Mon avis :
Dans le cadre de la collection En lettres d’ancre dédiée à la littérature étrangère, les éditions Grasset publient aujourd’hui le roman Automne d’Ali Smith. Je l’ai reçu en service presse pour pouvoir vous en parler et je les remercie.
Ce roman, premier ouvrage consacré à un projet littéraire sur les saisons, dépeint la vie simple et commune à beaucoup de britanniques, d’Elisabeth. Elle passe ses journées entre les reproches de sa mère, être au chevet de son vieil ami centenaire pour lui faire la lecture, et subir les désagréments de l’administration écossaise.
L’écrivaine nous plonge dans un récit poétique, entre le Brexit, la dérive du système administratif britannique, et la culture anglo-saxonne. Après un premier chapitre farfelu, la trame prend forme et l’humour d’Ali Smith opère. Les scènes qui se déroulent, par exemple, à la Poste sont exquises, et dénoncent, malgré elle, une anomalie au sein de l’administration écossaise. Elisabeth se retrouve dans des situations chaotiques, qui apportent beaucoup de malice au texte.
Le personnage de la maman décrite par Ali Smith est également là pour donner du rythme et de l’action à une histoire qui en manquent parfois cruellement. Certains chapitres dédiés aux rêves de Daniel (le centenaire) nous questionnent sur leur intérêt dans la genèse du livre.
Enfin, une très grande partie du roman traite avec précision de l’art et de l’influence de Pauline Boty, peintre leader du mouvement Pop art en Grande Bretagne. L’auteure a réalisé un très grand travail de recherche, nous y apprenons beaucoup.
C’est une lecture en dent de scie qui me laisse sur ma faim et qui ne restera pas longtemps en mémoire je le regrette. J’ai beaucoup apprécié l’humour du texte, la folie et le sarcasme du personnage de la mère mais le roman manque de suspense. Si vous aimez la poésie et la culture britannique, alors foncez.