Au prochain arrêt, Hiro Arikawa : Mon avis
Quatrième de couverture :
Au Japon, sur la ligne Hankyu Imazu, reliant Takarazuka à Nishinomiya, au gré des huit gares desservies, des femmes et des hommes montent et descendent, chacun avec son histoire, chacun perdu dans ses pensées et dans les nœuds de son existence.
Dans ce décor invariable et pourtant mouvant, des vies vont ainsi s’entrechoquer et être profondément changées. À chaque arrêt, de nouveaux passagers s’installent, se parlent, se lient. Et, d’un trajet à l’autre comme d’une saison à l’autre, le lecteur se fait l’observateur des paysages nouveaux et des multiples trajectoires qu’auront prises ces destins croisés.
Plus qu’une ode au voyage, ce roman choral de Hiro Arikawa est une invitation à l’arrêt sur soi-même, en même temps qu’un éloge de l’imprévisible. Et de ces rencontres qui, si l’on ne s’en défend pas, font que des êtres de passage peuvent bouleverser le cours de nos vies.
Portraits croisés.
Très émue par la lecture des Mémoires d’un chat de Hiro Arkawa en avril dernier, je guettais les librairies à l’affût de la sortie poche du second roman de l’écrivaine. Début mai, l’exemplaire enfin en mains, j’embarquais dans Au prochain arrêt (éditions Actes Sud).
Une ex-future mariée qui vient de se venger, un groupe d’étudiantes bruyantes, deux lecteurs assidus d’une même bibliothèque ou encore une grand-mère et sa petite-fille : le train de Takarazuka à Nishinomiya est plein de ces inconnus qui se croisent au gré des arrêts en gare. Les voyageurs montent, descendent, se frôlent, s’observent, jusqu’à parfois se parler. Une brève rencontre, éclair, ou de réels moments d’échange ont lieu lors de ces allers-retours quotidiens.
« Les gens qui prennent le train seuls se composent en général une mine indifférente. Leur regard, qui va des publicités placées en hauteur au paysage à l’extérieur, erre en évitant sans cesse de croiser celui d’autrui. Ou alors ils passent leur temps à lire quelque chose, à écouter de la musique ou à fixer l’écran de leur téléphone. Une personne seule qui n’agira pas ainsi et exprimera une émotion attirera l’attention. »
La rencontre d’un instant peut-elle tout faire basculer ? Les personnes amenées sur notre chemin le sont-elles toujours par le fruit du hasard ? Les héros de Hiro Arikawa ne se connaissent pas. Ils entrent en scène un à un, au fil des huit gares desservies. En s’apprivoisant le temps de l’aller, ils vont pour certains, influencer l’avenir de l’autre. Sur le retour, on les retrouve avec affection, émus de constater les changements opérés.
Introduisant un nouveau protagoniste à chaque chapitre, l’autrice nous glisse dans ses pensées, comme chacun peut l’être lorsqu’il emprunte les transports en commun. Le choix de la narration chorale et le format court (183 pages pour l’édition poche) apportent une valeur ajoutée à ce récit de voyageurs. Hiro Arikawa déploie un vrai « roman de gare », à lire sur le quai, entremêlé de conversations téléphoniques, de bagages et de gens pressés.
Au prochain arrêt, c’est la délicatesse de la littérature japonaise, alliée à la beauté de rencontres inespérées. C’est une douceur dans l’écriture, un conte sans grand bouleversement mais apaisant. Un bon moment de lecture, qui donne presque envie de réserver son prochain voyage en train…
A lire aussi : en 2022, Philippe Besson nous proposait un autre voyage en train dans son roman Paris-Briançon. Loin de l’univers du livre de Hiro Arikawa, ce roman est aussi l’histoire de rencontres fortuites et inattendues le temps d’un aller simple…
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