America[s], Ludovic Manchette & Christian Niemiec : Mon avis

Quatrième de couverture :

Philadelphie, juillet 1973. Voilà un an qu’Amy est sans nouvelles de sa grande sœur partie tenter sa chance au Manoir Playboy, à Los Angeles. Inquiète, la jeune adolescente décide de la rejoindre. Pour cela, il lui faudra traverser les États-Unis. Seule.
Dans une Amérique de la contre-culture secouée par le scandale du Watergate et traumatisée par la guerre du Vietnam, elle croisera la route d’individus singuliers : vétéran, couple en cavale, hippies de la dernière heure, un Bruce Springsteen encore débutant, mais aussi une certaine Lorraine, autrefois serveuse à Birmingham, en Alabama…
Dans ce deuxième roman, les auteurs d’Alabama 1963 convoquent Sur la route, L’Attrape-cœurs, Le Magicien d’Oz ou encore Alice au pays des merveilles pour un road trip initiatique sensible et original. Une ode à l’amitié et à la liberté.

Lecture imposée.

Un peu plus d’un an après le phénomène Alabama 1963, Ludovic Manchette et Christian Niemiec publient America[s] aux éditions du Cherche Midi. Un roman sélectionné dès sa parution pour le prix Maison de la Presse dont j’étais jurée cette année. Une lecture imposée, après mes réserves sur le précédent.

Philadelphie, 1973. Plus rien ne retient Amy depuis le décès brutal de sa meilleure amie. Fauchée par une voiture à l’âge de quatorze ans, Sandy représentait la dernière attache de la jeune fille après le départ de sa grande-sœur un an plus tôt. Partie tenter sa chance en tant que playmate à Los Angeles, Bonnie n’a plus jamais donné de nouvelles. Amy décide de fuguer à son tour pour rejoindre la côté ouest, et sa sœur de dix-huit ans.

Traverser les États-Unis, en stop, sans un sou, le pari est risqué pour cette jeune et innocente adolescente. En quête d’amour et de considération, elle fuit des parents absents. D’aventures malheureuses en rencontres providentielles, Amy croise des belles et bonnes âmes sur son chemin, comme des personnes moins charitables… Motivée par les retrouvailles avec Bonnie, elle croit en elle et en son rêve américain.

« J’avais une meilleure amie, avant. Sandy. Je l’adorais. Tout le monde l’adorait, mais c’était moi sa meilleure amie. Et un jour, il y a deux mois et demi, elle est partie. A quatorze ans, sans prévenir. On s’amusait dans la rue, on rigolait, et une voiture est venue la faucher sur le trottoir. […] Sandy est morte sur le coup. »

Après une intrigue policière dans les années 60, Ludovic Manchette et Christian Niemiec déploient un road trip durant l’été 73, mêlant la fiction aux faits divers de l’époque. Sillonnant le pays, leur héroïne croise la route d’un serial killer, du jeune Bruce Springsteen ou encore d’une adorable et accueillante maman de deux garçons. A l’occasion d’une garden party, Amy trinque même avec un panel de stars telle que la chanteuse Cher.

Fait de dialogues, le récit à quatre mains est limpide, fluide. Cherchant à retranscrire la façon de parler d’une adolescente de quatorze ans, les deux auteurs proposent un texte simple, à mon sens trop léger. Et si j’ai été émue par les blessures de la jeune fille et sa force de caractère, je n’ai pas cru en son histoire et l’enchaînement de ses rencontres improbables.

Plus sensible à l’univers d’Alabama 1963, je recommande ce deuxième opus aux amoureux du voyage, de romans feel good ou de récits de voyage. Et pour avoir eu la chance d’écouter Ludovic Manchette et Christian Niemiec lors d’une conférence en salon du livre, je souhaite à leur second roman un joli parcours, qui récompenserait leur sympathie.

Aimez-vous les romans à quatre mains ?