Et à la fois je savais que je n’étais pas magnifique – Jon Monnard
Quatrième de couverture :
Coska, jeune homme discret et romanesque, se retrouve dans une école d’art dont les codes lui échappent. Il choisit de tout quitter pour s’adonner à sa véritable passion, l’écriture.
Il participe alors à un concours organisé par une célèbre marque de vêtements, Martha Kahl. Cette dernière engage le jeune homme pour inspirer leur prochaine collection. Le voilà à nouveau propulsé dans un monde de faux-semblants aussi envoûtant que pernicieux.
Trop sensible pour pouvoir résister à la promesse de reconnaissance qui s’offre à lui, il devient victime des règles d’un jeu qui auparavant le répugnait. Dans ce rêve éveillé, la chute se profile inévitablement.
Un roman d’apprentissage qui décortique le monde du paraître avec une sincérité et une sagacité troublante.
Mon avis :
Un jeune auteur prometteur.
J’ai eu la chance d’être contactée directement par Jon Monnard il y a quelques temps pour savoir si je souhaitais découvrir son tout premier roman, Et à la fois je savais que je n’étais pas magnifique. Avec un titre pareil, je ne pouvais pas refuser ! Cela faisait un moment que ce livre me « faisait de l’œil » et j’étais ravie d’enfin pouvoir le lire. Je remercie les éditions L’Age d’Homme pour ce joli cadeau.
Parce qu’en effet, je n’ai pas été déçue par ma lecture. J’ai pu apprécier rapidement la très grande qualité d’écriture de l’auteur. J’ai trouvé son style incroyablement poétique et moderne :
Dehors, la nuit, tranquille, célèbre la douceur des températures. Le ciel, un Klein géant, dans lequel scintillent quelques étoiles. Au-dessous, les fêtards brûlent leur cervelle, perturbent la paix de l’air avec leur excitation et soufflent leur ivrognerie dans des bulles de conversation qui s’envolent pour éclater dans le néant. Le garçon s’endort bien vite. Son angoisse aspergée d’eau froide s’est dissipée par le siphon du lavabo. Il retrouve la fidélité de ses lectures et sa solitude quotidienne. Les troubles du monde extérieur ne lui appartiennent plus.
La trame de l’histoire aussi est contemporaine. L’écrivain aborde des thèmes plus qu’actuels : le monde de la mode et l’envie de plaire à tout prix, le succès qui arrive parfois de façon fulgurante et sans raison, l’influence des réseaux sociaux sur notre vie quotidienne. J’ai aimé la sensibilité donnée au jeune Coska. L’auteur nous décrit un personnage attachant, pas préparé à cette ascension fulgurante et qui va rapidement se faire avoir.
Le livre est divisé en trois chapitres. Jon Monnard utilise la troisième personne dans le premier chapitre et dans le dernier. Le narrateur devient le jeune Coska dans la deuxième partie du récit, la plus importante du livre. J’ai réellement accroché et suis vraiment rentrée dans l’histoire à partir de cette deuxième partie justement, lorsque le « je » est utilisé.
Petit plus à ce premier roman de l’auteur suisse, une préface signée du grand Philippe Besson 😉