Né d’aucune femme – Franck Bouysse
Note : 10/10
Quatrième de couverture :
« Mon père, on va bientôt vous demander de bénir le corps d’une femme à l’asile.
— Et alors, qu’y-a-t-il d’extraordinaire à cela ? demandai-je.
— Sous sa robe, c’est là que je les ai cachés.
— De quoi parlez-vous ?
— Les cahiers… Ceux de Rose. »
Ainsi sortent de l’ombre les cahiers de Rose, ceux dans lesquels elle a raconté son histoire, cherchant à briser le secret dont on voulait couvrir son destin. Franck Bouysse, lauréat de plus de dix prix littéraires, nous offre avec ‘Né d’aucune femme’ la plus vibrante de ses œuvres. Ce roman sensible et poignant confirme son immense talent à conter les failles et les grandeurs de l’âme humaine.
« J’ai avancé en âge, traversé le temps en voyageur obéissant et attentif ; et me voici toujours entre les mains du Seigneur, paré de confusion. En vérité, je ne les ai jamais quittées, même s’il me semble qu’en maintes occasions il n’a su que faire de moi. Par mes actes au moins, je ne l’ai jamais trahi. »
Mon avis :
J’ai tout lu et tout entendu sur Né d’aucune femme de Franck Bouysse. Ce roman a fait couler beaucoup d’encre cette année : « magistral », « violent », « osé »… Certains crient au coup de maître, alors que d’autres ont abandonné la lecture, trouvant le texte beaucoup trop dur à supporter. Je trouvais tout cela beaucoup trop intriguant pour ne pas me plonger à mon tour dans l’aventure.
Alors qu’elle n’a que 14 ans, Rose est vendue par son père à un homme du village. Envoyée quelques années plus tard dans un couvent pour sa folie, elle y écrit son histoire, dans l’espoir un jour de dévoiler sa vérité.
Comment reprendre la lecture après un tel roman ? Né d’aucune femme se laisse apprivoiser, petit à petit. Le début est hasardeux, on entre dans l’histoire à pas de loup, se demandant où Franck Bouysse va nous mener. La magie de l’écriture opère après quelques pages, le scénario prend forme et on est aspiré par la spirale de l’auteur.
Un texte très dur, à tel point que des pauses sont nécessaires pour avancer. L’écrivain ne ménage pas son lecteur. La cruauté est là. Les mots sont violents, à l’image de la brutalité de la triste vie de Rose. Sa plume nous bouscule, nous heurte, nous donne la nausée.
Et alors que l’on s’imagine que le plus horrible est terminé, Franck Bouysse insiste et nous remet à terre. Il met en scène un personnage détestable, haïssable, sans aucun sentiment. Un vrai monstre comme l’on en voit peu en littérature.
Né d’aucune femme est un livre sombre, un roman noir, qui se lit à pas feutré, mais qui se doit d’être lu. Une lecture nécessaire, un grand auteur à découvrir, un bouleversement à accepter.