Les enfants perdus de Brocéliande, Yann Le Gal : Mon avis
Quatrième de couverture :
Quand les enfants de La Guerre des boutons rencontrent les Chevaliers de la Table Ronde.Brocéliande, 1942. Après le massacre de son village par des Nazis, Jos, du haut de ses 12 ans, convainc quatre de ses camarades de rester vivre en autarcie, loin des adultes. Fuyant un monde qu`ils jugent trop cruel et sans moral, les orphelins se réfugient dans un imaginaire peuplé de Graal, d`amitié et de combats, celui des Chevaliers de la Table Ronde. Ils deviennent Arthur, Keu, Gauvain, Perceval et Galahad et se lancent dans la lutte armée contre les Chevaliers Noirs, devenant malgré eux les plus grands Résistants de Bretagne. Mais comment se battre sans devenir aussi violent que ceux que l`on combat ? Comment grandir sans devenir les adultes qu`on refuse d`être ? Comment maintenir cette part de magie en pleine guerre et empêcher que les ténèbres ne triomphent ?
Finaliste du Prix Maison de la Presse
Intégrer le jury d’un prix littéraire, c’est accepter les surprises, bonnes ou mauvaises. Les titres en lice s’imposent à nous, créant parfois une appréhension à l’idée de sortir de sa zone de confort. Sans ma mission de jurée au sein du Prix Maison de la Presse, je ne me serais jamais intéressée au roman de Yann Le Gal. A tort pourtant, car je suis et j’apprécie la ligne de son éditeur depuis longtemps. Les enfants perdus de Brocéliande est paru en avril dernier chez Istya & Cie, et il fait définitivement partie du clan des belles surprises !
Cette histoire démarre en 1942, en bordure de la forêt de Brocéliande. Un village, semblable à tous les autres, est envahi par les Allemands. Très vite, Monsieur Ramiquet, l’instituteur du village, commet un acte de rébellion envers un soldat allemand. Ce geste irréversible provoquera un drame général, laissant seuls les jeunes écoliers…
Jos, 13 ans, narrateur de ce triste conte, veut sa vengeance. Les résistants n’ont su défendre les villageois : ce sont eux, les enfants de Paimpont, qui mèneront les hostilités face à l’armée allemande.
« Notre vie a basculé, je m’en souviens, un lundi et cela a commencé par le baiser que ma mère avait déposé sur mon front pour me réveiller. Elle ne m’embrassait que trois fois l’an. A Noël, pour l’enfant Jésus que j’avais en moi, à la Toussaint, pour s’excuser de m’avoir condamné à mort en me donnant la vie, et à mon anniversaire, pour me dire qu’elle ne regrettait rien. Ce baiser a été la première surprise d’une longue série. »
Comment raconter autrement la Seconde Guerre mondiale ? Comment traiter ce sujet tant de fois étudié en littérature ? Que dire de plus ? Avec Les enfants perdus de Brocéliande, Yann Le Gal livre un roman au script original et créatif. Sous couvert de la guerre, l’auteur déploie une véritable ode à la légende arthurienne, chère à la région de sa famille, la Bretagne. Derrière la conquête de son héros Jos – renommé Arthur – et de ses amis, se façonne une réécriture de la quête du Graal. Yann Le Gal y explore les valeurs : la solidarité, la fraternité, l’engagement, l’entraide mais aussi le combat et la force.
Dès les premières lignes du récit, j’ai été touchée par les mots de cet adolescent meurtri. Grâce au ton réaliste, j’ai embarqué au cœur de la forêt de Brocéliande, et combattu aux côtés de Gauvain, Lancelot, Arthur ou Guenièvre. Malgré les épreuves et parmi la violence, j’ai lu de la lumière en chacun d’eux.
Un scénario abouti, un texte juste et précis font du premier roman de Yann Le Gal une entrée réussie sur la scène littéraire. J’ai eu la chance de lui rapporter mon émotion de vive voix à la soirée de remise du prix, et j’ai rencontré une personne adorable, à l’écoute de ses lecteurs, émerveillé par cette nouvelle étiquette d’écrivain, et tellement investi dans l’aventure de ses enfants perdus.
A lire aussi : Parmi les six finalistes du Prix Maison de la Presse, La vie n’est pas un roman de Susan Cooper de Stéphane Carlier fait également partie des jolies découvertes. Je vous en parlais par ici.
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Ce roman vous tente ?
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