Les os des filles, Line Papin : Mon avis
Quatrième de couverture :
« Nous finissons tous ainsi, après tout, et c’est doux. C’est doux parce que c’est commun. Il y aura eu bien des injustices, bien des secousses, bien des dangers ; il y aura eu des joies, des rires, des peurs, des amours, des haines, des ressentiments, des passions ; il y aura eu des accidents, des voyages, des crises, des maladies… Nous aurons été chacun à notre manière déformés par la vie. Il restera les os humains – ce que nous avons été au minimum, ce que nous avons tenté d’être au maximum. »
C’est l’histoire de trois femmes : Ba, sa fille et sa petite-fille – l’auteure elle-même. Une histoire qui commence dans les années 1960, pendant la seconde guerre d’Indochine, sous les bombes d’un village vietnamien. Ces trois générations de femmes traverseront trois combats : celui de la guerre, celui de l’exil et celui de la maladie.
Mon avis :
En pleine panne, accumulant les abandons, il m’a sorti des eaux. Alors que je n’y croyais plus, pour la première fois depuis des jours, j’ai réussi à terminer un livre. Ce roman, Les os des filles, est le troisième de l’écrivaine Line Papin, paru chez Stock en 2019.
Elle est le fruit de la rencontre entre la seconde H et le petit Français. Née en 1995 à Hanoï, Line quitte son pays pour la France à l’âge de dix ans. Avec ce déménagement, la jeune fille s’est séparée de sa grand-mère Ba, et de sa nourrice tant aimée. Le déracinement est violent et injuste. L’adaptation en Touraine, puis à Paris, difficile. Face à ce chamboulement, le corps de la narratrice change. L’adolescente plonge dans l’anorexie, avant de se relever et de s’envoler pour retrouver ses racines…
« Tu as guéri. Tu as retrouvé un corps de vivant, un cœur de vivant, un visage de vivant. La mort est partie. La petite fille est revenue. Et tu as décidé, en ce retour, parce que tu pouvais enfin marcher et vivre, de te rendre toi-même sur les lieux de ton enfance – ceux que tu avais perdus, ce qui t’avait tué. Tu avais dix-sept ans alors, à peine, et tu as pris l’avion, seule, pour retourner à Hanoï. «
Line Papin nous livre son histoire personnelle à la manière d’un conte. Pour chacun des membres de sa famille, héros du récit, l’écrivaine a trouvé un surnom. Parmi les codes du genre, nous retrouvons aussi sa forme courte et un texte poétique. Au-delà de ces éléments, l’autrice date les faits, de 1945 à 2018, citant des souvenirs et références de la mémoire collective.
Dans Les os des filles, Line Papin revient sur ses premières années à Hanoï, l’arrachement à sa terre natale et le choc des cultures. Avec émotion, la romancière évoque la différence de la langue, la découverte de la littérature au cœur de ses années d’anorexie et le retour au Vietnam, guérie.
Il m’a été difficile d’arrêter ma lecture, notamment dans la seconde partie du livre, que j’ai trouvé pleine de sensibilité. Malgré des sujets sérieux et sombres, le roman m’a offert un joli moment. Touchée par les mots de l’écrivaine, je poursuivrai la connaissance de son œuvre.
A lire aussi : coup de cœur absolu cette année, le roman Ce que je sais de toi d’Eric Chacour aborde également cette idée de choc des cultures. Je vous en parlais par ici.
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Avez-vous déjà lu cette écrivaine ?
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