La serpe, Philippe Jaenada : Mon avis
Quatrième de couverture :
Quelle étonnante enquête romanesque Philippe Jaenada nous propose-t-il ! Connaissez-vous Henri Girard, l’auteur du livre dont est tiré Le Salaire de la peur, magnifique film d’Henri-Georges Clouzot ? C’est le même homme qui dix ans auparavant est passé à la postérité pour l’accusation d’un triple homicide (le père, la tante, la bonne) en octobre 1941 dans un château périgourdin. Coupable idéal ? Il était l’unique héritier du père et de la tante ! Avait dormi dans une aile du château et n’avait rien entendu la nuit des meurtres. Aucune effraction constatée, aucun mobile, aucun témoin, seule une serpe couverte de sang est retrouvée sur les lieux du crime. Fouillant dans les archives de ce fait divers diabolique, Philippe Jaenada nous livre une saga familiale savoureuse dont l’issue pourrait bien résoudre une énigme vieille de 75 ans. A vous de le découvrir…
Sacré pavé !
Depuis dix ans et la parution de son ouvrage Sulak, Philippe Jaenada est le Christophe Hondelatte* de la littérature. Après sept romans à caractère autobiographique, l’écrivain s’est spécialisé dans les livres d’enquête, s’intéressant à chaque fois à un fait divers différent. La serpe, prix Femina 2017, est paru aux éditions Julliard la même année.
Si certains se souviennent de Georges Arnaud, auteur du Salaire de la peur en 1950, beaucoup ignorent qu’il fut, avant cela, Henri Girard, accusé des meurtres de son père, sa tante et la bonne du château familial d’Escoire en 1941, puis acquitté. Tout laissait pourtant croire qu’il était le coupable idéal : fils unique et héritier majeur du domaine, il est le seul survivant de cette tuerie de masse, à coup de serpe…
Sous pseudonyme donc, Henri Girard connaîtra le succès après la publication de son roman, adapté au cinéma et primé à Cannes.
« Voilà, j’aime bien les faits divers, le sordide ne me dérange pas a priori, mais en réalité, honnêtement, ça dépend : quand on a le sentiment de connaître quelqu’un, même si ce n’est pas vrai, quand on s’est attaché d’une façon ou d’une autre, ce n’est plus la même histoire. Ça désole, ça blesse, le sordide dégoûte. »
Après un travail titanesque de recherche sur l’affaire du triple homicide d’Escoire, Philippe Jaenada nous présente la conclusion de son enquête. Dans un texte chargé de détails, de plus de 630 pages, où – heureusement – les anecdotes personnelles et l’humour du romancier viennent alléger l’investigation, les rebondissements se multiplient.
Le livre retrace d’abord l’enfance et la biographie complète du présumé meurtrier. Une seconde partie reprend ensuite toutes les charges allant à l’encontre d’Henri Girard. Puis, le détective amateur déconstruit sa propre hypothèse, en démontrant que tout l’innocente, et en misant même sur le potentiel assassin.
J’ai démarré La serpe en pleine panne de lecture, convaincue du pouvoir addictif de la plume de l’écrivain. Comme je l’imaginais, le plaisir de lecture est revenu, grâce à ses talents de conteur et à l’attrait qu’on porte tous – je pense – aux faits divers. Mais que ce fut long ! Extrêmement LONG ! Adepte des parenthèses, Philippe Jaenada a fini par me perdre, me poussant même à terminer le livre en omettant ses nombreuses digressions… Pardon M. Jaenada !
A lire aussi : fin 2022, j’ai clôturé mon année avec la lecture de Sans preuve et sans aveu de Philippe Jaenada. Une enquête beaucoup plus courte, écrite dans l’urgence, passionnante et révoltante. Mon avis coup de cœur est à retrouver par ici.
*Christophe Hondelatte est un journaliste, présentateur de radio et de télévision français. Il a été à la tête de l’émission phare des grandes affaires criminelles françaises Faites entrer l’accusé durant 11 ans.
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Connaissiez-vous cette affaire ?
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