L’aube à Birkenau, Simone Veil & David Teboul : Mon avis

Veil Simone - Éditions : Les Arènes
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Quatrième de couverture :

» La guerre avait fauché une génération. Nous étions effondrés. Mon oncle et ma tante avaient beau être médecins, ils ne possédaient plus rien. Leur clientèle avait disparu. Leur maison avait été pillée. Leurs économies avaient fondu. Le lendemain de mon arrivée à Paris, comme ils n’avaient ni argent ni vêtements à m’offrir, c’est une voisine qui m’a secourue avec une robe et des sous-vêtements. Il régnait dans la maison une atmosphère de désolation.
Il n’y avait plus le moindre meuble. Les miroirs avaient été volés, à part ceux qui étaient scellés aux murs et que les pillards n’avaient pas pu emporter. Je faisais ma toilette matinale devant un miroir brisé par une balle. Mon image y apparaissait fissurée, fragmentée. J’y voyais un symbole. Nous n’avions rien à quoi nous raccrocher. Ma sœur Milou était gravement malade, mon oncle et ma tante avaient perdu le goût de vivre. Nous faisions semblant de vouloir continuer. »

 

Ne jamais oublier.

Il est arrivé sans prévenir, glissé sans bruit dans ma boîte aux lettres il y a quelques mois. Peu intéressée par les livres de conversation, la photo de Simone Veil en couverture m’interpelle tout de même. A son décès, comme beaucoup, j’ai lu Une vie, son autobiographie. J’ouvre L’aube à Birkenau, le feuillette et aperçois des clichés familiaux, en noir et blanc. L’émotion m’attrape déjà…

Lorsque David Teboul découvre Simone Veil à la télévision, son portrait ne le quitte plus. A trente ans, devenu cinéaste, le jeune homme se fait une promesse : rencontrer Simone Veil pour le tournage d’un film. A force de persévérance, le contact est noué. Simone et David se rencontrent. Une amitié de quinze ans naît alors.

Ensemble, ils feront ce voyage à Auschwitz, dans le camp de Birkenau, là où Simone Veil puise ses souvenirs les plus douloureux. David, également photographe, sortira son appareil, pour immortaliser le moment. De cette relation, découlera également les entretiens d’autres rescapés, et proches de l’académicienne. Marceline Loridan-Ivens, fidèle amie rencontrée dans les camps, sa sœur aînée Denise ou encore Paul Schaffer, croisé pour la première fois à Bobrek.

 

 

 

« J’avais douze ans quand j’ai vu Simone Veil pour la première fois. Ce n’était pas pour de vrai. C’était un mardi soir. On n’avait pas école le lendemain, on pouvait regarder la télévision, c’était un vrai bonheur. […] Le mardi 6 mars 1979, le dernier épisode de la série américaine Holocauste a été diffusé dans « Les Dossiers de l’écran ». Le thème était « Vie et mort dans les camps nazis ». […] Au cours du débat, après la fin du film, j’ai quitté l’enfance et basculé dans une adolescence précoce. Une table ronde réunissait des survivants, Marie-Claude Vaillant-Couturier, une résistante communiste, et Simone Veil. Simone était au centre, et elle ne me quittera plus jamais. »

 

Ce livre est la retranscription de ces années d’échange. Un recueil de témoignages, mélange de récits et photographies. Par moments, David Teboul prend la parole, pour poser le contexte. Mais très vite, il s’efface, et laisse la place à sa narratrice, Simone Veil. Dans l’intimité de ses souvenirs, la vieille dame se confie. Malgré l’innommable, elle fait état de ce qu’elle a vécu, ou tente de se rapprocher de la réalité.

Dans L’aube a Birkenau, David Teboul revient aussi sur les combats politiques de la grande dame. Ses victoires accentuent le caractère admirable de sa personnalité, mais j’ai été moins touchée par cette partie de son parcours.

Le courage de Simone Veil et de tous les Juifs déportés force le respect. Le texte publié aujourd’hui nous invite à ne jamais oublier. Dans l’actualité qui est la nôtre en Europe, entre la guerre en Ukraine, les élections en Italie ou la montée de l’extrême-droite en Suède, rappelons-nous.

 

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Et vous, quel(s) livre(s) d’entretiens me recommandez-vous ?

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Commentaires (3)
Johanna2022-10-28 14:33:19Répondre

Bonjour,
Après avoir passé presque une année dans ma PAL (on me l’avais offert, me promettant que pour une grande amatrice de récits sur la Shoah j’allais adorer, mais le format conversation ne m’attirais pas..) j’ai enfin lu ce livre et c’est finalement une belle surprise. Le récit est captivant et je trouve que l’insertion de photos au fil de l’ouvrage lui rajoute une dimension très émouvante.

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mademoisellelit2022-10-31 08:31:41Répondre

Je suis bien d'accord. J'ai aussi beaucoup aimé les commentaires de Simone Veil et sa sœur en légende des photos familiales.

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Lopes sophie2022-10-18 19:18:56Répondre

Je vais courir pour acheter ce livre ...une grande dame ...vous me donner très vite de vous rencontrer à Brive .
Merci pour ce blog que je découvre avec plaisir ,j'aime livre mais je ne sais jamais lequel choisir.

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mademoisellelit2022-10-19 09:45:19Répondre

Ravie de vous avoir convaincue ! J'échangerai avec vous avec plaisir à Brive si nous nous croisons.

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Stéphanie2022-10-08 08:23:45Répondre

Coucou maite. Merci pour cette chronique qui laisse entrevoir un livre poignant. Honte à moi car je ne n'ai jamais lu de livre sur Simone veil. Je vais corriger ça !

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mademoisellelit2022-10-10 09:50:38Répondre

Il n'y a aucune honte à avoir Stéphanie. On ne peut pas avoir tout lu, et sur tous les sujets. Ce livre peu être une belle façon de découvrir le parcours incroyable de Simone Veil.

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