Le Chœur des femmes, Martin Winckler : Mon avis
Quatrième de couverture :
Je m’appelle Jean Atwood. Je suis interne des hôpitaux et major de ma promo. Je me destine à la chirurgie gynécologique. Je vise un poste de chef de clinique dans le meilleur service de France. Mais on m’oblige, au préalable, à passer six mois dans une minuscule unité de « Médecine de La Femme », dirigée par un barbu mal dégrossi qui n’est même pas gynécologue, mais généraliste ! S’il s’imagine que je vais passer six mois à son service, il se trompe lourdement. Qu’est-ce qu’il croit ? Qu’il va m’enseigner mon métier ? J’ai reçu une formation hors pair, je sais tout ce que doit savoir un gynécologue chirurgien pour opérer, réparer et reconstruire le corps féminin. Alors, je ne peux pas – et je ne veux pas – perdre mon temps à écouter des bonnes femmes épancher leur cœur et raconter leur vie. Je ne vois vraiment pas ce qu’elles pourraient m’apprendre.
Espoir déchu.
Je le répète souvent, ce que je préfère dans la lecture, c’est la transmission. S’il s’agit d’une activité solitaire, tout lecteur aime partager ses coups de cœur avec son entourage. Je ne compte plus le nombre de fois où m’a été recommandé Le Chœur des femmes de Martin Winckler ! Quelle que soit sa forme (le texte d’origine, l’adaptation ciné ou le roman graphique), chaque club de lecture était prétexte à évoquer ce « classique » de la littérature contemporaine française. Ma déception est à la hauteur de ce qu’étaient mes espérances avant d’ouvrir le livre…
Lorsque Jean débarque dans l’unité 77 dirigée par le docteur Franz Karma, elle pense tout connaître. Contrainte d’assurer un stage de 6 mois dans un service généraliste, alors qu’elle se prédestine à devenir chirurgienne gynécologique, la jeune femme subit sa condition d’étudiante. Dès son arrivée, la confrontation avec le personnel soignant et les patientes est ardue. A la fin de la première journée, le médecin lui propose un deal : si Jean accepte d’écouter et d’apprendre de son expérience le temps d’une semaine, il valide son stage et elle est libre de quitter l’hôpital…
« Qu’est-ce qu’on m’avait raconté, déjà ? J’ai du mal à m’en souvenir parce que ça m’avait semblé incroyable, alors, et ça me semble risible aujourd’hui… Ah, oui. Que j’allais souffrir. Parce qu’il voulait toujours avoir le dernier mot. Que si je lui tenais tête, il m’écraserait. Que si au contraire je faisais mine de m’intéresser à ce qu’il raconte, il allait m’assommer, tant il s’écoutait parler. Que tout plein de femmes – infirmières, externes, internes – étaient passées dans son lit, un jour ou l’autre. »
Très vite dérangée par le style « parlé » de l’auteur, l’abondance de parenthèses et une écriture peu travaillée, j’ai peiné à accrocher au récit. Malgré un texte fluide, léger et une dynamique entraînante, l’histoire s’essouffle à cause d’une mécanique de répétition. La narration se décompose en sept jours. L’héroïne décrit le déroulement de ses journées de travail au côté du docteur Karma.
Peu satisfaite de la forme, j’ai également éprouvé quelques difficultés avec le fond. L’écrivain se laisse aller aux clichés et aux caricatures. Porté par deux personnages surjoués, le roman perd en crédibilité.
Ces défauts mis de côté, l’aspect médical est intéressant et instructif. Martin Winckler, lui-même médecin, déploie une fiction féministe et engagée. Le Chœur des femmes a été publié en 2009. La parole des hommes étant encore assez discrète sur le sujet à cette époque, je ne peux que reconnaître la sincérité de son engagement et me féliciter de sa démarche.
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Et vous, avez-vous aimé ce roman ?
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