Hard Land, Benedict Wells : Mon avis
Quatrième de couverture :
« Cet été je suis tombé amoureux et ma mère est morte. »
Sam, quinze ans, a trouvé un job de vacances dans un vieux cinéma de quartier, à Grady, Missouri. Sa vie va basculer.
Une merveilleuse histoire d’amour et d’amitié, par le plus talentueux romancier de la nouvelle littérature allemande.
La vie, la vraie.
A chaque nouveau roman, je m’interpelle : qu’est-ce qui me plaît autant dans la littérature de Benedict Wells ? Sa langue, son écriture, sa musique, traduites par Dominique Autrand ? Les thèmes traités, de l’adolescence aux premières amours ? Ou ses personnages, fragiles et humains ? Avec Hard Land (éd. Slatkine & Cie, 2022), j’ai trouvé quelques éléments de réponse.
A 15 ans, Sam s’apprête à vivre le plus bel et le plus funeste été qu’il soit. En deux mois, l’adolescent va découvrir l’amitié, l’amour et être confronté à la mort. Embauché dans le cinéma de son quartier le temps des vacances, il rencontre Cameron, Hightower et Kristie, et se raccroche à la bande pour oublier le quotidien du domicile familial. Depuis des années, sa mère lutte contre une tumeur au cerveau…
Été 1985, Missouri. « Cet été je suis tombé amoureux et ma mère est morte. » Tel un uppercut, Benedict Wells balance son incipit, violent, implacable. D’entrée de jeu, les mots du jeune narrateur plantent le décor, ancrés dans le réel. Nulle romance à l’horizon… L’auteur allemand nous a habitué à conter la vraie vie, Hard Land est là pour nous le rappeler.
« Tout cela remonte à plus d’un an, mais pour moi ce sera toujours « cet été ». Bizarrement, je me revois souvent derrière la maison un tuyau à la main, en train d’arroser le jardin. C’était le début des vacances d’été, une montagne d’ennui se dressait devant moi et je n’avais même pas commencé à m’y attaquer. »
Loin du récit plombant et larmoyant, le roman est une ode à la vie. Après la solitude et des crises d’angoisse durant son enfance, Sam apprend l’amitié, la confiance en l’autre, les blagues entre potes et le sentiment amoureux aussi. Aux côtés de ses aînés (Cameron, Hightower et Kristie ont deux ans de plus que lui), il se libère, quitte à parfois négliger ses parents.
En toile de fond, Hard Land, un poème fictif de Morris, étudié par tous les lycéens de la ville. L’écrivain y revient par petites touches, offrant un parallèle intéressant à l’histoire de Sam.
A travers cet été, Benedict Wells raconte l’adolescence, le deuil, la famille et l’amitié. Si certains passages se veulent durs ou émouvants, l’auteur ne triche pas. En traitant ces thèmes, il n’édulcore en rien la réalité. Parce que le cancer existe, parce qu’être ado est compliqué, parce que les liens du sang n’expliquent pas toujours tout, la vérité n’est pas tronquée dans les mots de Benedict Wells. Et c’est, finalement, ce que j’aime chez lui.
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Avez-vous déjà lu Benedict Wells ?
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