Le ruban, Ito Ogawa : Mon avis
Quatrième de couverture :
Une grand-mère fantasque et passionnée d’oiseaux trouve un œuf tombé du nid, le met à couver dans son chignon et donne à l’oiseau qui éclot le nom de Ruban. Car cet oiseau, explique-t-elle solennellement à sa petite-fille, « est le ruban qui nous relie pour l’éternité ». Un jour, l’oiseau s’envole et pour les personnes qui croisent son chemin, il devient un signe d’espoir, de liberté et de consolation.
Ce roman grave et lumineux, où l’on fait caraméliser des guimauves à la flamme et où l’on meurt aussi, comme les fleurs se fanent, confie donc à un oiseau le soin de tisser le fil de ses histoires. Un messager céleste pour des histoires de profonds chagrins, de belles rencontres, et de bonheurs saisis au vol.
Un oiseau pour fil conducteur.
L’an dernier, je découvrais la plume d’Ito Ogawa avec son roman La papeterie Tsubaki. Plus qu’un coup de cœur, ce livre a marqué mon année de lectrice et m’a ouvert à la littérature japonaise. En quelques mois, j’ai englouti tous les titres de l’autrice, clôturant à regret mon exploration avec Le Ruban (éditions Philippe Picquier, 2014).
Hibari est émerveillée par la fantaisie de Sumire. La vieille dame, au passé de chanteuse, loge un œuf dans son chignon, espérant y voir éclore un oisillon. Lorsque Ruban apparaît après des jours de couvade, une relation fusionnelle naît entre l’oiseau, Hibari et sa grand-mère. Un lien très vite rompu par l’envol de l’animal…
« Sumire adore les oiseaux. Pendant que je suis à l’école, elle monopolise le balcon à l’étage, celui où l’on étend le linge chez les Nakazato, elle y passe toute la journée à observer les oiseaux. En se balançant tranquillement, bien installée dans son rocking-chair en rotin préféré. De temps à autre, elle sirote une petite gorgée du café sucré qu’elle garde dans une gourde. »
S’il a quitté par mégarde ses gardiennes, Ruban découvrira d’autres maisons, d’autres hôtes, il vivra d’autres rencontres. Sur un balcon, dans un refuge animalier, dans un bar ou encore un taxi. Le volatile est de passage ou parfois en séjour prolongé. Comme une éclaircie dans la solitude de ses maîtres, celui qui sera rebaptisé à chaque fois apporte l’embellie avant la fin…
La musique d’Ito Ogawa revient dès les premières lignes. Sa poésie, simple et belle, coule dans les mots d’Hibari, Tori, Fû et les autres. Habituée et conquise par la mécanique de ses précédents romans, la structure narrative du Ruban m’a déroutée. L’écrivaine installe ses héros et les remplace au chapitre suivant. Cette séparation forcée m’a à chaque fois déçue.
Au-delà de l’écriture, je salue l’originalité du texte et la place donnée à cette bête attachante dans le récit. Ito Ogawa évoque des destins brisés, des vies qui basculent, illuminant le tout avec son personnage à plumes.
Un bilan mitigé mais qui n’entache en rien mon admiration pour la Japonaise. Le hasard m’a menée vers La papeterie Tsubaki, m’invitant à lire son œuvre complète. Il n’en aurait pas été de même si j’avais commencé par Le Ruban.
Connaissez-vous les romans de cette autrice ? Lequel est votre préféré ?