Le Restaurant de l’amour retrouvé, Ito Ogawa : Mon avis
Quatrième de couverture :
Une jeune femme de vingt-cinq ans perd la voix à la suite d’un chagrin d’amour, revient malgré elle chez sa mère, figure fantasque vivant avec un cochon apprivoisé, et découvre ses dons insoupçonnés dans l’art de rendre les gens heureux en cuisinant pour eux des plats médités et préparés comme une prière. Rinco cueille des grenades juchée sur un arbre, visite un champ de navets enfouis sous la neige, et invente pour ses convives des plats uniques qui se préparent et se dégustent dans la lenteur en réveillant leurs émotions enfouies. Un livre lumineux sur le partage et le don, à savourer comme la cuisine de la jeune Rinco, dont l’épice secrète est l’amour.
La reconstruction par le partage.
Lorsque l’on repère de jolies choses, l’envie de les partager s’invite en nous. En 2021, je découvrais la plume d’Ito Ogawa et son roman La papeterie Tsubaki. Quelques mois plus tard, m’apprêtant à lire Le restaurant de l’amour retrouvé, je vous proposais de m’accompagner, espérant secrètement vous contaminer à la poésie de l’écrivaine.
En rentrant chez elle après une journée de travail au restaurant turc où elle est employée, Rinco trouve son appartement totalement vide. Les meubles, vêtements, photos et souvenirs ont disparu. Son petit ami est parti et a emporté jusqu’à la nourriture avec lui. Sous le choc, la jeune femme perd la voix et décide de fuir. Elle part retrouver son village natal, et sa mère qu’elle n’a pas vue depuis plus de dix ans…
Arrivée sur place, Rinco fait la connaissance d’Hermès, le cochon domestiqué par sa mère et retrouve son vieil ami Kuma. Rapidement, l’idée d’ouvrir son propre restaurant l’anime. Aidée par la générosité de son copain d’enfance, Rinco concrétise son projet.
« Quand je suis rentrée à la maison après ma journée de travail au restaurant turc où j’ai un petit boulot, l’appartement était vide. Complètement vide. La télévision, la machine à laver et le frigo, jusqu’aux néons, aux rideaux et au paillasson, tout avait disparu. Un instant, j’ai cru que je m’étais trompée de porte. Mais j’avais beau vérifier et revérifier, c’était bien ici, le nid d’amour où je vivais avec mon petit ami indien. La tache en forme de cœur, abandonnée sur le plafond, en était la preuve irréfutable. »
Qu’il est bon de goûter à nouveau à la plume d’Ito Ogawa ! Univers inimitable, écriture sensible et histoires de renaissance, l’autrice japonaise a ses secrets pour nous livrer un roman d’exception. A l’image de ses héroïnes en reconstruction, la structure narrative (identique à celle de La papeterie Tsubaki) invite à l’apaisement, au calme, au temps. Dans un monde où tout s’accélère, il est aussi rare en littérature de donner un espace à ces récits contemplatifs. C’est cette audace qui me plaît chez Ito Ogawa.
Dans un parcours sans embûche jusque ici (j’ai lu trois de ses ouvrages avant d’entamer celui-ci), ce livre me laisse tout de même un goût amer. Pour cause, une scène atypique difficilement supportable pour la végétarienne que je suis. Et pour avoir recueilli vos avis dans le groupe de lecture commune, je sais que je ne suis pas la seule.
Mais la beauté surpasse toujours et l’histoire de Rinco mérite d’être connue. La jeune femme se consacre pleinement à son rôle de cuisinière. Chaque plat est étudié en fonction du convive qu’elle reçoit. Rinco y verse l’amour qu’elle ne peut plus donner à son ex petit ami.
Au moment de refermer le roman, les larmes s’inviteraient presque, entre émotion du texte et tristesse de quitter Le Restaurant de l’amour retrouvé.
Vous prenez la parole…
Au-delà de mon ressenti, je partage avec vous quelques retours des lectrices ayant partagé cette lecture commune avec moi.
Delphine : « C’est doux, c’est plein de bons sentiments. C’est bien écrit ! Le personnage de Rinco est tellement attachant.«
Anne : « J’ai découvert un roman vers lequel je ne me serais jamais tournée toute seule et qui m’a beaucoup plu. J’ai aimé la pudeur et la poésie du récit.«
Sandrine : « J’ai passé de très agréables moments en compagnie de Rinco moi aussi ! La douceur du récit et la poésie des créations culinaires m’ont fait voyager.«
Mélanie : « Pour moi ce livre a été une lecture agréable, pas un coup de cœur, mais une parenthèse douce avec de belles descriptions. Il a un côté poétique, calme, doux, j’ai beaucoup apprécié le côté transmission des savoirs culinaires, respect et souvenirs fondamentaux de l’enfance. Rinco a un lien affectif à travers la cuisine. Pour elle, faire à manger est vraiment un moment de partage de bonheur.«