Les oubliés du dimanche – Valérie Perrin
Quatrième de couverture :
Justine, vingt et un ans, aime les personnes âgées comme d’autres les contes. Hélène, presque cinq fois son âge, a toujours rêvé d’apprendre à lire. Ces deux femmes se parlent, s’écoutent, se révèlent l’une à l’autre jusqu’au jour où un mystérieux « corbeau » sème le trouble dans la maison de retraite qui abrite leurs confidences et dévoile un terrible secret. Parce qu’on ne sait jamais rien de ceux que l’on connaît.
« Je m’appelle Justine Neige. J’ai vingt et un ans. Je travaille dans la maison de retraite Les Hortensias depuis trois ans. Je suis aide-soignante. […] J’aime deux choses dans la vie : la musique et le troisième âge. Je danse presque un samedi sur trois au club Paradis qui se trouve à trente kilomètres des Hortensias. Mon Paradis est une sorte de cube en béton armé planté au milieu d’un pré avec un parking improvisé sur lequel je roule parfois des pelles alcoolisées à des personnes de sexe opposé vers cinq heures du matin. »
Mon avis :
Pour la première fois en quatre ans d’aventures livresques sur les réseaux sociaux, je vous ai proposé une lecture commune le mois dernier. Le titre était tout choisi : Les oubliés du dimanchede Valérie Perrin trônait dans ma pile à lire. Aucun autre livre n’avait généré autant de réactions en vous le montrant à l’écran. Nous sommes finalement une centaine à avoir échangé nos impressions durant la semaine de lecture. J’ai hâte de renouveler l’expérience.
Après le décès de ses parents, oncle et tante dans un accident de voiture, Justine vit chez ses grand-parents, avec son cousin Jules. Habituée aux personnes plus âgées, c’est tout naturellement qu’elle s’est dirigée vers une carrière d’aide-soignante en maison de retraite. Faute d’avoir une vie palpitante, la jeune femme de vingt et un ans écoute celle d’Hélène, une résidente des Hortensias. Les oublis et égarements de la vieille dame lui donnent un jour une idée : retranscrire son histoire sur un carnet pour la transmettre à la famille d’Hélène…
Après l’attachante et inoubliable Violette Toussaint dans Changer l’eau des fleurs de la même auteure, j’ai découvert Justine Neige, orpheline, enfantine et généreuse avec autrui. La jeune femme passe son temps entre l’EHPAD où elle travaille, et le Paradis, discothèque de la région où elle retrouve chaque samedi les bras de « Je-ne-me-rappelle-plus-comment » (surnom du bel inconnu après l’oubli de son prénom). Valérie Perrin en fait une héroïne au don de soi incroyable, une femme qui vit dans le passé avec les récits de la presque centenaire, et une enquêtrice touchante.
Avec les souvenirs de la pensionnaire qui ressurgissent, Justine lève le voile sur des secrets de famille enfouis depuis la mort de ses parents. Les deux histoires s’entremêlent, à tel point qu’il est parfois difficile de suivre. Si j’ai aimé le présent de la jeune aide-soignante et ses peines de cœur, j’ai été moins émue de découvrir le destin de la vieille dame. J’y ai trouvé quelques facilités, et je regrette ces retours en arrière trop présents en littérature contemporaine. Un déjà vu, que je n’avais pas perçu avec Changer l’eau des fleurs.
La plume de Valérie Perrin n’en reste pas moins musicale et poétique. L’écrivaine a l’art de raconter les choses du quotidien, et nous ancrer dans la simplicité et l’humanité des gens. J’ai souri à l’évocation du grand-père de Justine qui roule ses « r », comme le faisait ma propre grand-mère. Et j’ai trouvé tous les protagonistes terriblement humains et vrais. Plus que la forme, c’est finalement le fond du scénario proposé par l’auteure que j’ai trouvé moins prenant, moins captivant.
Un bilan en demi-teinte pour ce roman léger et tendre. J’en attendais peut-être trop…