Plus immortelle que moi – Sophie Henrionnet
Quatrième de couverture :
Comment Mathilde, la petite quarantaine ordinaire, s’est-elle retrouvée enfermée dans un « institut de repos » ?
À quel moment la vie de cette pharmacienne mariée et mère d’un adorable adolescent a-t-elle basculé ?
Sur les conseils de sa psychiatre, Mathilde tient un journal. Peu à peu, la parole se libère. Elle livre ses états d’âme et souvenirs d’enfance la cruauté dont elle a fait preuve à l’encontre de son frère Charly , son quotidien chez les fous avec une infirmière détestable qu’elle a surnommée Moustache, mais aussi sa rencontre marquante avec une certaine Daphné… L’héroïne parviendra-t-elle à rassembler toutes les pièces de ce puzzle, chasser ses démons et affronter la vérité ?
Un roman mené tambour battant, tel un jeu de dupes addictif, au dénouement inattendu.
« Quatre mois que nous nous voyons en tête-à-tête, et cela sans le moindre résultat. Quatre mois que je tourne en rond. Non, même pas. Je tangue, je grimpe, je roule d’un côté puis de l’autre, je fais marche arrière. Mais rien ne vient. Qu’est-ce qui cloche, Dorine ? Je n’ai pas l’embryon d’une idée. Peut-être votre regard posé sur moi ? Quoi qu’il en soit, j’en conviens, je suis bloquée. Quatre mois que les séances ne donnent rien du tout. Tout est si flou, brumeux et confus… Quatre longs mois et je ne suis toujours pas fichue de remettre de l’ordre dans mes souvenirs, je n’y peux rien, il m’est impossible de vous raconter quoi que ce soit et dans le bon ordre. »
Mon avis :
Avec son titre et sa couverture énigmatiques, le nouveau roman de Sophie Henrionnet m’a de suite interpellée. Plus immortelle que moi… Qui pouvait se cacher derrière cette improbabilité ? Quel récit justifiait cette affirmation ? Vous trouverez les réponses à ces questions dès aujourd’hui en librairie.
Mathilde se confie depuis plusieurs mois – et sans succès – à Dorine, sa thérapeute. Faute de résultats, elle accepte, sur ses conseils, d’expérimenter autre chose. Plutôt que d’échanger par la parole, Dorine lui propose de noircir des carnets. La jeune femme se met à écrire, et espère ainsi pouvoir sortir de l’institut dans lequel elle est internée…
Le mystère, Sophie Henrionnet en fait la trame principale de son roman. Si nous devinons très vite que l’héroïne est hospitalisée, nous ne savons pas ce qu’il l’y a amenée. Au fil de ses écrits, le paysage de dessine. Mathilde évoque son récent quarantième anniversaire ; l’absence de son mari et les visites de son fils, Ruben – le seul à se déplacer. Nous faisons également connaissance des autres résidents et de l’équipe médicale qui l’entourent. Et puis la jeune femme raconte son admiration, presque envieuse, envers son frère Charly, sa sublime épouse et leur futur bébé.
Derrière les confidences de sa narratrice, l’auteure vacille entre le tragique et l’humour. Mathilde est sur un fil, non loin de la folie, mais consciente de la réalité et la gravité du quotidien. Le ton est drôle, jovial, toujours pointé d’angoisse et de crainte. Sophie Henrionnet maîtrise son art. L’intrigue est teintée de tension, libérée sur la toute fin du livre.
Non sans rappeler D’après une histoire vraie de Delphine de Vigan, Plus immortelle que moi m’a surprise et interrogée. J’ai aimé naviguer entre l’ironie constante de la protagoniste, et l’angoisse insufflée par l’écrivaine. Le point de bascule, introduit en milieu de scénario, lui apporte toute sa force. Sophie Henrionnet dresse le portrait glaçant d’une jeune femme en détresse. Deux cents pages plongées dans la complexité de la psychologie humaine, de ses déboires et excès.