Berthe Morisot Le secret de la femme au miroir – Dominique Bona
Quatrième de couverture :
Cette jeune femme en noir, au bouquet de violettes, aux yeux profonds, que peint Manet dans les années 1870, c’est Berthe Morisot. Elle garde sur son visage altier comme un secret. Un modèle parmi d’autres? Non: la seule femme du groupe des Impressionnistes. Berthe Morisot, née dans la province française en 1841, fille de préfet, peint et expose parmi ce clan d’hommes, ceux qui sont encore des réprouvés sans public, des réfractaires à l’art officiel : Manet, Degas, Monet, Renoir. Ardente mais ténébreuse, douce mais passionnée, aimant la vie de famille mais modèle et amie – et qui sait? peut-être davantage – d’Edouard Manet dont elle épouse le frère: il y a une énigme dans les silences et les ombres de Berthe Morisot. Dominique Bona, puisant aux archives inédites, fait tournoyer la fresque de l’Impressionnisme: de Giverny aux plages normandes, de Mallarmé rédigeant des billets doux pour Méry Laurent ou Nina de Callias aux lavandières qui posent pour Renoir, de la sanglante Commune de Paris au règne de la bourgeoisie corsetée, des salles du Louvre aux ateliers de la bohème. Dominique Bona peint ici le portrait subtil d’une artiste qui inventa sa liberté.
« Elles sont trois sœurs. L’aînée, Yves, porte un nom d’homme. Elle a vu le jour trois ans après le mariage de ses parents, le 5 octobre 1938, à Valenciennes. La seconde, née le 13 décembre 1939, également à Valenciennes, se prénomme Edma – le féminin d’Edme. Yves et Edma ont des cheveux châtain clair et des teints de blonde – la carnation de leur père. Tandis que Berthe, qui vient au monde le 14 janvier 1841, naît comme un petit cygne noir : très brune, comme sa mère. »
Mon avis :
Avec les années et les lectures qui s’accumulent, mes attentes s’affinent, mes goûts se dessinent. J’ai toujours eu une prédisposition aux récits, à la vérité ou la véracité des fictions que je lis. Curieuse de l’art et passionnée par les impressionnistes, je suis avide de romans, biographies et ouvrages en tout genre sur le XIXe siècle, le début du XXe et leurs artistes. J’aime Gabriële d’Anne et Claire Berest ; Elle, par bonheur, et toujours nue de Guy Goffette ou encore Frida Kahlo de Bernadette Costa-Prades.
En panne de lecture il y a quelques mois, je tombais sur ce livre de poche dans ma librairie de quartier. Le visage de Berthe Morisot, peint par Edouard Manet, m’avait interpellée. Dominique Bona est célèbre pour ses biographies. ll était temps que je découvre sa plume avec le portrait de cette femme impressionniste.
Née en 1841, Berthe Morisot deviendra peintre et travaillera au côté des plus grands : Edouard Manet, Claude Monet, Auguste Renoir ou encore Degas. Contrairement à ses comparses féminines de l’époque – à l’image de sa sœur Edma également peintre – elle n’abandonnera jamais le pinceau pour son foyer, son mari ou sa fille. Berthe Morisot participera à sept des huit expositions du mouvement, et verra de son vivant, une exposition individuelle à son nom.
Si Dominique Bona s’intéresse à la grande Berthe Morisot, elle n’en omet pas de décrire le contexte de l’époque, la vie politique française, le mouvement impressionniste dans son ensemble. Avec la vie de l’artiste, c’est celle d’Edouard Manet qui est longuement évoquée ; ce sont les tableaux de Claude Monet dont on devine les traits ; les poèmes de Stéphane Mallarmé avec qui Berthe entretenait une amitié profonde ou les échanges épistolaires avec Puvis de Chavannes qu’elle a eus de longs mois.
L’auteure ne traduit pas un coup de pinceau, une technique de peinture, le sens artistique de l’œuvre de la jeune femme. Ses tableaux sont mentionnés, mais Dominique Bona dépeint le caractère d’une femme, ses racines, et l’amour dévorant qu’elle avait pour son art. Dans un climat misogyne, malgré les dires, la peintre a continué d’y croire, et d’assouvir sa soif de créer. Un désir qui ne la quittera jamais, même avec les douleurs et le temps qui passe.
J’ai regretté quelques détails, quelques longueurs, comme l’énumération des œuvres exposées dans tel musée, telle rétrospective. Mais j’ai appris beaucoup à la lecture de son texte et j’ai ressenti un vrai bonheur en me projetant au milieu de tous ces grands noms. Je me suis imaginée tantôt dans le jardin de Giverny, tantôt à Tournon dans la maison de Stéphane Mallarmé. Je me suis vue dans le château de Julie Manet.
J’aime les biographies pour leur richesse et je prendrai plaisir à en lire d’autres sur vos conseils.
Quel livre me recommandez-vous maintenant ?