Le fabuleux voyage du carnet des silences – Clare Pooley
Quatrième de couverture :
Monica a abandonné sa carrière d’avocate pour réaliser son rêve : ouvrir un café sur Fulham Road. Le jour où un de ses clients oublie son carnet sur une table, elle ne peut s’empêcher de le lire. Les premières pages lui révèlent la confession de Julian Jessop, un artiste excentrique, âgé de soixante-dix-neuf ans qui exprime toute sa tristesse et sa solitude depuis la mort de sa femme.
Touchée par cette idée de révéler des sentiments intimes à des inconnus, Monica décide de continuer le carnet avant de le déposer dans un bar à vin.
Au risque de voir son destin bouleversé de manière inattendue…
« Je m’appelle Julian Jessop. J’ai soixante-dix-neuf ans, je suis artiste peintre et j’habite depuis cinquante-sept ans l’un des ateliers de la petite résidence d’artistes Chelsea Studios, sur Fulham Road. Tout cela est vrai, mais ce ne sont que des faits. Ils ne disent rien de ma vérité profonde. Or cette vérité, la voici : JE SUIS SEUL. Je passe des journées entières sans parler à personne. Et quand je parle enfin (pour répondre à un appel téléphonique de ma compagnie d’assurances, par exemple), j’ai du mal à reconnaître le son de ma voix : repliée dans ma gorge, elle est si peu sollicitée qu’elle ressemble au coassement d’une grenouille. »
Mon avis :
Embarquée dans la folle aventure du Club Fleuve* depuis début janvier, je découvre avec plaisir chaque mois leur nouvelle parution. Le 4 février dernier, c’est Le fabuleux voyage du carnet des silences de Clare Pooley qui trouvait place en librairie. Ce roman est comme une pochette surprise…
Quand Monica tombe par hasard sur le carnet rempli par Julian, elle ne peut s’imaginer les rencontres incroyables qui vont en découler. Julian Jessop, un artiste septuagénaire, s’y est livré avec sincérité sur la solitude qui le ronge depuis le décès de son épouse quinze ans auparavant. Par ses mots, le vieil homme donne envie à Monica de faire de même : se présenter sans filtre, et y révéler ses peurs et ses envies les plus intimes pour ensuite déposer le livret quelque part…
Vous connaissez tous les Matriochkas ? Ces poupées russes qui s’emboîtent les unes dans les autres. Le récit de Clare Pooley me fait penser à ces poupées. Grâce au carnet des silences qui voyage, une palette de protagonistes s’étoffe petit à petit dans le roman. D’abord, il y a Julian. Le farfelu, l’homme fragile et sensible, fan de mode et dont la mémoire choisit parfois de ne pas tout dévoiler. Puis arrive Monica. Cette trentenaire a tout quitté pour vivre son rêve : ouvrir un café sur Fulham Road. Maintenant, elle songe plus que tout à trouver la perle rare, se marier, et avoir des enfants. Ensuite, il y a Hazard. Ancien alcoolique et drogué, le jeune homme se sent pris d’une mission lorsqu’il y lit les lignes de Monica. Celle de lui dégoter l’homme de sa vie ! S’en suivra Riley, Alice, Lizzie, Mary…
L’auteure ouvre un éventail merveilleux sur des personnages tous différents, dont les blessures intimes existent et qui vont, en apprenant à se connaître, s’entraider les uns les autres. Si je n’ai pu m’identifier à la vie de l’héroïne Monica, j’ai trouvé dans chacun d’eux un écho à ma propre histoire. C’est là toute la force du livre de Clare Pooley. J’ai aimé la curiosité de Lizzie, la sagesse de Betty, la bienveillance de Mary ou encore l’investissement personnel de Riley.
Loin des clichés, l’écrivaine développe un texte touchant, qui grimpe en puissance au fil de la lecture. Sa plume est dynamique, rythmée et emplie de tendresse. Le fabuleux voyage du carnet des silences vous emportera grâce à son écriture, ses joyeux héros et son scénario original. Une très belle invitation à l’évasion.