Alabama 1963 – Ludovic Manchette & Christian Niemiec
Quatrième de couverture :
Birmingham, Alabama, 1963. Le corps sans vie d’une fillette noire est retrouvé. La police s’en préoccupe de loin. Mais voilà que d’autres petites filles noires disparaissent… Bud Larkin, détective privé bougon, alcoolique et raciste, accepte d’enquêter pour le père de la première victime. Adela Cobb, femme de ménage noire, jeune veuve et mère de famille, s’interroge : « Les petites filles, ça disparaît pas comme ça… »
Deux êtres que tout oppose. A priori.
Sous des airs de polar américain, Alabama 1963 est avant tout une plongée captivante dans les États-Unis des années 1960, sur fond de ségrégation, de Ku Klux Klan et d’assassinat de Kennedy.
« La chaleur écrasante semblait avoir endormi la clairière : ses hautes herbes jaunies, son immense chêne perdu au beau milieu, les corbeaux perchés là-haut, et la petite fille couchée en bas, quelques mètres plus loin. De temps en temps, l’un des oiseaux ouvrait un œil sceptique sur l’intruse d’une dizaine d’années allongée les yeux fermés, la bouche entrouverte. Rien ne troublait le repos de la belle endormie : ni le soleil cuisant, ni la mouche qui ne cessait de venir effleurer sa joue, ni le brin d’herbe qui lui chatouillait l’oreille. Elle ne cilla même pas lorsqu’un scarabée sortit de sa bouche. »
Mon avis :
En novembre dernier, à l’approche des fêtes, je vous dressais ma liste au père Noël, y incluant Alabama 1963 de Ludovic Manchette et Christian Niemiec. J’avais été influencée par les mots de ma collègue blogueuse Elsa, qui s’est empressée de m’offrir un exemplaire quelques jours plus tard ! Les deux auteurs sont traducteurs et nous livrent ici leur premier roman.
Août 1963, Sud des Etats-Unis, village de Birmingham. Dee Dee, une jeune fille de 11 ans est portée disparue. La police n’intervient pas car Dee Dee est noire… Les habitants n’ont d’autre choix que d’organiser des battues pour soutenir la famille. Lorsque le petit corps sans vie est finalement retrouvé, une deuxième fillette se volatilise à son tour…
Nombreux sont ceux qui m’ont conseillé Alabama 1963 cette année, m’évoquant un gros coup de cœur. Pour cause j’imagine, le sujet grave choisi par Ludovic Manchette et Christiant Niemiec, la ségrégation aux États-Unis dans les années 60. Comme vous, j’ai été sensible au thème traité. La littérature permet de ne pas oublier, et se remémorer aussi que les choses n’évoluent parfois pas si rapidement malgré le temps qui passe. Si je regrette que ce roman soit trop proche de La couleur des sentiments par les traits de ses personnages – un clin d’œil à une protagoniste du livre de Kathryn Stockett est d’ailleurs fait – je ne peux que saluer la dénonciation du racisme dans ce genre de fictions.
Outre ce léger bémol, les deux écrivains déploient un texte de plus de 360 pages limpide et empli de dialogues. Les personnages d’Adela et de sa famille sont particulièrement attachants. Ils apportent tendresse et foi, tel un souffle d’air dans ce climat de violence. Derrière l’enquête policière que mène le détective Bud, complice d’Adela, se joue aussi la vie personnelle des femmes de ménage noires de Birmingham, et des riches habitants blancs.
Plus qu’un roman policier, Alabama 1963 est un reflet de la société américaine des sixties, et d’un environnement politique délicat. Un récit léger, qui manque de suspense et de créativité. J’ai aimé suivre les aventures d’Adela et de Bud, mais pour une plongée plus intense dans cette décennie historique, je vous recommande la lecture de La couleur des sentiments.